La surveillance des animaux en stabulation, par l'IA
Ce qui va suivre est une réflexion suite à une loi qui permet, sur le modèle chinois, d'utiliser l'intelligence artificielle pour analyser les comportements des individus filmés à leur insu dans les espaces publics pendant les jeux olympiques. D'abord, je tiens à préciser toutes les réserves que j'ai par rapport à cette utilisation et, également prudent et attentif à la suite qui lui sera donnée après les jeux...
Lorsque j'ai installé des caméras dans mes stabulations, le but était d'éviter de me lever plusieurs fois par nuit pour aller voir si tout se passait bien dans les troupeaux. La surveillance des vêlages nécessitait un passage toutes les 4 heures pendant tout l'hiver. C'était un énorme progrès de pouvoir « voir » depuis mon lit, sans devoir s’habiller et traverser la cour, alors qu'il n'y avait rien.
J'avais pensé que l'évolution serait ensuite de construire un service partagé entre éleveurs où une personne pourrait surveiller à distance tous les élevages intéressés. J'imaginais un système simple où cette surveillance à distance alerterait l'éleveur concerné. Cela aurait été un premier progrès !
Mais cela n'a pas pu se faire faute de débits des connexions de l'époque. Nous étions pénalisés par un internet naissant très très bas débit. Au fil du temps, cela a été rendu possible par le réseau de téléphonie mobile. Dans les faits, la tablette qui reçoit l'image en passant par le réseau 4G peut être vue à distance. Quand il y a de la 4G, soit récemment ! Résultat, on peut voir ses vaches sur un téléphone ou une tablette en étant en réunion ou sur un tracteur... Mieux, quand mon voisin est tombé malade, c'est un autre voisin qui surveillait depuis chez lui.
La prochaine évolution est une révolution. Ce n'est plus un humain qui va surveiller les animaux mais l'intelligence artificielle. Je mets trois vidéos qui donnent trois pistes essentielles pour le passage en stabulation ! Détection des vêlages, détection des chaleurs et surveillance des veaux jusqu'à un mois, voilà de quoi changer l'astreinte des éleveurs allaitants. Si l'IA est capable de reconnaître un citoyen lambda et de le sanctionner éventuellement, sans intervention humaine , il me semble facile pour elle d'informer l'éleveur des événements importants dans son troupeau.
Comment cela pourrait il se mettre en place ? Il faut au départ une initiation de l'IA. Un ou des éleveurs lui apprendront en temps réel à reconnaître les comportements. Le principe de l'IA est que les expériences sont universellement partagées. Donc, en se connectant sur les caméras des stabulations, elle analysera le comportement des animaux dans les moments clés. On peut imaginer qu'elle apprenne assez vite. Au début, ce sera comme le stagiaire que l'on envoie faire le tour des vaches et qui préfère nous réveiller pas trop sûr de lui. Si elle a de nombreux troupeaux à surveiller, elle prendra très vite de l'assurance. Puis, comme elle verra les vêlages sans intervention humaine, elle saura reconnaître toute seule les situations. C'est là qu'elle dépassera l'humain, au moins sur ces créneaux spécifiques car elle aura une expérience globale qu'aucun d'entre nous ne serait capable d'avoir avec son seul troupeau. Donc en cas d'anomalie, elle passera la main à l'éleveur en le contactant. Car dans un premier temps, je ne vois pas un robot intervenir dans un troupeau pour faire un vêlage ou autres interventions. Peut-être qu'un jour ?
Si j'ai bien compris le schéma actuel, il n'y a plus besoin d'écrire des lignes de programme informatique pour lancer l'apprentissage. Il suffira de partir de « briques » existantes comme celle de la police par exemple. C'est pour cela que j'ai choisi cet exemple. On initiera L'IA à la reconnaissance des animaux et aux spécificités des comportements à des moments précis. Mais pour que cela marche, il faut plusieurs conditions. Un, un accès partagé aux caméras avec un débit maximal, d'où l'importance de fibrer TOUT LE TERRITOIRE ! Deux, les puissances de calcul nécessaires seront énormes donc il faudra avoir accès aux ordinateurs quantiques. En trois, j'ai toujours été attaché aux actions collectives agricoles. Je veux dire par là, que personnellement, je pense qu'il faut créer une forme de coopérative où la mise de fond corresponde à la partie technique de programme mais que l' »expérience » de l'IA reste aux adhérents qui apportent la compétence en se connectant. En clair, je suis contre la récupération des données permettant le perfectionnement de l'IA par les GAFAM ou autre star-up pour qu'elles revendent ensuite le service apporté. Enfin en quatre, il faut un système qui ne devienne pas un « flicage» des éleveurs ! Je veux dire par là que cela ne doit pas devenir l’œil de l'administration pour surveiller et commander le travail des éleveurs ou autres intervenants comme les inséminateurs ou les vétérinaires... C'est le danger et les limites réels de ces techniques nouvelles.
Bien gérée et bien contrôlée, en respectant les individus, l'IA peut être un vrai progrès pour le bien-être de l'éleveur et un plus pour celui des animaux. J'évoquerai d'autres exemples. J'espère avoir été clair sur un sujet qui reste en grande partie à déflorer...