Thierry Hay et le boucher
Vous le savez, je suis un adepte de télé matin. Chaque jour, je regarde un certain nombre de chroniques dont celle de Thierry Hay, qui fait le tour de la presse quotidienne. J'aime assez sa façon de présenter les choses. Mais, car nul n'est parfait, le vendredi 23 juin en écoutant son compte-rendu d'un article paru dans le journal capital, j'ai bondi sur la chaise.
Thierry Hay a cité textuellement :
« Dans capital, la description de la marge sur le filet de boeuf à la boucherie :
matières premières = 7,18 €
salaires = 2,20 €
frais et taxes = 3,47 €
prix de vente du filet = 31,50 €
soit une marge de 18,65 € soit 59 % de marge...
...Pas mal ! »
Vous imaginez, avec cette seule explication, les conclusions hâtives que chacun peut en tirer. Les éleveurs peuvent penser que les bouchers se font un beurre pas possible sur leur dos. Les consommateurs auraient le droit de se mettre en révolution face à de telles pratiques... Bref, sur cette seule explication, on pourrait penser que le métier de boucher rapporte de l'or, pourquoi alors ce métier est-il en voie de disparition ? Au grand désespoir des éleveurs de charolais qui par ce canal écoulaient leurs animaux de qualité !
Il y a toujours un marchand de journaux dans les gares. Et comme par hasard, je prenais le train pour aller rejoindre Mme P. H.. J'ai acheté le journal capital pour savoir si leur présentation était tendancieuse ou si c'était Thierry hay qui avait trahi les propos.
Je vous livre l'article :
Le professionnel que je suis veux rendre à César ce qui lui appartient ! L'article capital, le dossier même, est très bien fait. L'addition est spectaculaire à gauche, mais le commentaire de droite est fondamental. Et ne pas le lire change tout ! Le manque de temps pour cuisiner aujourd'hui conduit les consommateurs à acheter les morceaux de viande à griller et délaissent complètement les morceaux à bouillir, nécessitant beaucoup plus de temps et de compétences pour être cuisinés ! Or, les bovins sont ainsi faits qu'il y a deux tiers seulement des morceaux qui peuvent être grillés... Et sur ces deux tiers, la pièce la plus noble que représente le filet, le nec plus ultra, ne pèse que quelques kilos... Et si l'on faisait la même addition pour la totalité de la carcasse, la marge serait très différente. Beaucoup de bouchers aujourd'hui n'achètent plus que des pièces nobles afin de ne pas perdre d'argent ! Et pour nous éleveurs, ou plutôt pour les chevilles en abattoir, ce problème d'équilibre entre les différents morceaux est un casse-tête terrible. Pour tout vous dire, P. H. a une responsabilité dans une organisation qui cherche à mettre au point des recettes de plats cuisinés pour utiliser les morceaux à bouillir !
Donc M. Thierry Hay, je vous apprécie toujours mais la prochaine fois faite un peu moins de sensationnel et lisez tout, cela évitera de lancer de fausses idées dans l'opinion...
Et si vous vous posez des questions sur certains écarts de prix, l'article du journal capital est très bien fait puisqu'il compare les produits :
Ne vous trompez pas !