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Inscription en fac , acte 2
« Surtout ne soyez pas en retard ! » Il est vrai que le rendez vous a été difficile à obtenir… Mme PH part avec mon aînée et mon fils 3 jours dans le midi. En bon père de famille, j’ai proposé mes services pour accompagner ma fille à Lyon afin de l’inscrire en faculté. Je suis heureux d’être avec Elle, impression de partager quelques moments de complicité. Nous arrivons une demie heure en avance sur l’heure « h » et je lui offre un café. Dernier moment de tranquillité, nous vérifions pour la nième fois sa pochette de papiers… Tout semble être là !
Avec 10 bonnes minutes d’avance, nous nous présentons à l’entrée de l’université. Rien n’a changé depuis les études de Mme PH, même murs sales, même espaces couverts de graffitis, même difficultés à se retrouver dans ces halls immenses et gris….Une vague feuille de papier collée avec du scotch est censée nous orienter vers le bureau d’accueil, mal indiqué par une vieille plaque… Le bureau apparaît comme retiré en dehors de la vie du campus, on a l’impression d’un espace protégé….
Devant nous, le père d’une jeune fille a du mal à garder son calme. Sur les 4 sites de l’université de la matière dans la ville, sa fille est prise à Lyon sud soit à l’autre bout de la ville, sa chambre est près d’ici et elle aura plus d’une heure dans les transports en commun ! Nous ne disons rien et nous regardons avec ma cadette. Sa mère a fait pleins de démarches mais notre hantise est que nous soyons dans le même cas d’ici peu, une vraie angoisse ! Devant l’insistance du père pour essayer de changer de lieu, la secrétaire perd son calme, « C’est comme cela, débrouillez vous ! Vous pouvez échanger avec un autre étudiant ! Au revoir ! ». En quelques instants, la vie de lycéen bien établie et bien cadrée vient de basculer dans celle de la liberté estudiantine…. Tu dois te débrouiller tout seul, même si souvent cette impression de liberté frôle l’anarchie….On est loin de l’organisation d’une école ! Désorienté, le père me jette un coup d’œil et sort avec une furie à peine contenue, drôle d’accueil !
On nous a remis un formulaire à remplir en une demie heure maximum accompagné d’une notice de 10 pages pour être capable de le remplir ! « Vous avez des tables à votre disposition dans le hall ». Imaginez, des tables modèle 1950 et des chaises comme celles que j’avais au lycée, il y a déjà quelques temps… Vous vous souvenez, pieds en tubes verts… Elles sont installées en désordre dans une pièce qui ressemble à un hall de gare : des escaliers, des allers retour incessants, des courants d’air, en bref tout sauf le confort que l’on serait en droit d’exiger ! Mais nous n’en avons cure car dans le rectangle en haut à droite de la feuille, nous avons vu que le site d’étude est le bon, le même que sa mère, le même que sa sœur, alors l’inconfort à ce moment là, on s’en fout, nous sentant presque coupable d’avoir obtenu ce que nous voulions !
Une fois remplie le formulaire, il fallait bien la notice de 10 pages pour comprendre ce que l’on nous demandait, nous avons descendu les escaliers sans autres explications. J’avoue avoir été consterné ! Nous avons effectué les dernières démarches dans le foyer au milieu des machines à café et autres distributeurs en tous genres ! Presque tous les jeunes étaient accompagnés par un de leur parent et j’ai échangé avec ceux-ci le même regard interrogateur, est ce vraiment sérieux ? Rien n’a changé !
Je ne suis pas un expert en informatique mais je me demande comment le réseau mit en place peut fonctionner. Les fils courent au sol n’importe comment sans protection, nous les enjambons pour aller d’une table à l’autre….Coté sécurité, je vous dis pas, des prises électriques volantes avec des répartiteurs posés à même le sol… Finalement, comme souvent l’état est fort pour imposer aux autres ce qu’il n’assume pas lui-même…. Enfin, je passe,ça marche et qu’importe si le réseau est branché sur les mêmes prises que les machines à café !
D’abord, passage vers de vendeurs d’assurance complémentaire, des étudiants se transforment d’un coup en expert en assurances sociales ! Mme PH et mon aînée m’avaient briffé, « On a tout ! Ils t’inscrivent car c’est obligatoire, mais tu ne prends rien de plus ! » Donc je résiste. A un moment, le mec demande tout de go à ma fille si elle prend la pilule ? En effet, la mutuelle qu’il représente est la seule qui rembourse la pilule sans ordonnance…. Belle entrée en matière, je vous dis pas le regard inquiet de ma cadette jeté vers moi, est ce que Maman te tient au courant de ces trucs là ?
Ensuite, entrée dans la mêlée. Aucune règle de bonne conduite, on doit se débrouiller seul pour trouver la bonne table pour déposer et vérifier le dossier. La solidarité entre parents joue à fond pour nous donner les bonnes indications. Au terme d’une queue de plus d’une heure, nous avons enfin une personne plutôt sympa qui vérifie toutes les pièces et répond à nos questions ! La grande nouveauté maintenant, c’est que cette personne signe la photocopie comme étant exacte dès avoir produit l’original. Le seul vrai progrès !Tout cela se fait dans une ambiance bonne enfant, nous sommes assis les uns sur les autres (mais la queue se fait debout !) tout le monde entend tout ce qui évite d’oublier une question.
Nouvelle queue à 3 mètres de là, cette fois une partie du dossier est saisie sur ordinateur et cela permet de calculer instantanément le prix de l’inscription et de payer immédiatement. Bizarre, dès qu’il est question de sous, la mécanique est parfaite !
Nouvelle attente avec le reçu produit 2 mètres auparavant pour établir la carte d’étudiant. Vrai innovation qui devrait servir pour les demandes de passeport (Au moins les exigences seraient assumées par ceux qui les demandent !) une webcam sert pour prendre une photo numérique du coup elle convient à coup sûr et ils l’ont en format numérique dans un fichier. Comme quoi, avec un peu de bonne volonté, le progrès peut traverser nos administrations !
Voilà, après 2 heures 30 d’un autre age, ma fille heureuse jusqu’à en avoir les larmes aux yeux contemplait sa carte d’étudiante. Par ce rite initiatique, elle venait de quitter son statut de lycéenne pour celui plus prestigieux d’étudiante ! C’était peut être la première fois qu’elle touchait du doigt sa majorité qu’elle avait acquise quelques semaines plus tôt ! Et elle me remercia de mon aide par un gros bisou ! Réconforté, nous sommes allés déjeuner tranquillement !
Et après être rentré en faisant les 160 kms, j’ai pu commencer la moisson du triticale le soir.
PS : La dernière fois que j’ai mis les pieds dans une université, c’était à Ames dans l’IOWA…. Je vous garantie que nous avons un bon paquet de retard et qu’en la matière, nous devrions aller faire un petit tour de l’autre côté de l’Atlantique ! Pour une fois, il y aurait des idées à prendre ! Si je devais choisir entre étudier à Lyon ou à Ames, je choisirai le seconde sans hésiter !
Il m’arrive de me dire que ministre, recteur ou autre responsable devraient se retrouver en situation incognito au milieu des autres citoyens, certaines choses changeraient sans doute.
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