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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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14 mai 2008

Vérité des prix...

Pendant plusieurs années, dans le cadre d'un engagement syndical, j'ai réfléchi, participé, essayé d'agir afin d'obtenir une meilleure répartition des marges au sein des filières alimentaires. L'exemple le plus facile pour reconstituer le parcours des produits de première nécessité est sans doute celui de la salade décrit dans une émission récente... Payée 0,16 € aux producteurs, elle arrive à 1,50 € au passage du caddie à la caisse du supermarché !

Il est pratiquement impossible de reconstituer les marges de chacun au cours du parcours. Nous, producteurs, quelques soient nos productions, sommes toujours perplexes et interrogatifs lorsque nous faisons nos achats pour la famille. Comment peut on arriver à des prix multipliés de 3 à 10 en quelques jours ?

Le pire se reproduisant à chaque fois qu'il y a une crise. Nous en avons tous connus au moins une. Alors que les prix chutent à la production, ils augmentent dans les grandes surfaces. Il faut déployer une énergie énorme pour que celles-ci répercutent la baisse. Elles sont d'ailleurs toutes fières ensuite d'afficher un élan de solidarité... De qui se moque t'on ?

L'omniprésence pour ne pas dire le monopole de ce mode de commercialisation rend toute possibilité d'alternative commerciale quasiment impossible sauf pour quelques niches de ventes directes. Trois ou quatre centrales d'achat contrôlent aujourd'hui sans doute plus de 80 % du commerce alimentaire. Comment peut on expliquer ensuite pourquoi le même produit acheté par la même centrale peut avoir des prix qui vont de 1 à presque 3 suivant s'ils sont distribués dans la même ville par un hyper, une moyenne surface ou un petit magasin de proximité ? Ce dernier, contrairement aux apparences, appartient quasi systématiquement à un grand groupe ! Dans tous les cas, le gérant n'a pas droit de regard sur le prix. On lui impose d'être efficace pour vendre. Il sait très bien que la ménagère prisonnière pourrait acheter beaucoup moins cher à quelques kilomètres...

Alors permettez moi d'être particulièrement inquiet voir révolté lorsque j'entends le chantre de la grande distribution, quelqu'un de par ailleurs très intelligent, expliquer qu'en libéralisant à outrance la possibilité d'ouvrir de nouvelles moyennes surfaces, on va redonner un brin de pouvoir d'achat aux citoyens de notre pays. Si j'ai compris quelque article concernant cette loi, les négociations d'achat de ces grandes centrales imposeraient une certaine transparence de marge aux fournisseurs mais celle-ci ne s'appliquerait pas à la distribution !

Lorsqu'on arrive à arracher quelques précieux renseignements au sein de nos coopératives qui traitent directement avec des grandes surfaces, on est effaré d'apprendre les méthodes et pire les marges de ces gloutons. Pour faire porter les coûts de l'étiquetage par exemple aux fournisseurs, un certain nombre de barquettes sont pré-étiquetées en usine. Il est alors facile de connaître la marge distributeur, sauf que cela relève du secret d'état et qu'aucun responsable n'acceptera de la communiquer de peur de perdre son référencement.

La liberté, sans règles, conduit inévitablement à la loi du plus fort. L'économie a réussi dans certains secteurs à s'affranchir du politique. Il n'y a plus de contrôle des prix au sens strict du terme, le distributeur le plus fort peut imposer sa loi sur les prix qu'il entend pratiquer. En abandonnant tout aux grandes centrales, on rentre dans un système classique en économie : Dans un premier temps, les trois ou quatre vont peut être se livrer une guerre sans merci qui permettra dans le meilleur des cas, et ce n'est pas certain, une baisse de prix de quelques produits qui seront affichés en grandes lettres, pendant que tous les autres augmenteront... Puis dans un deuxième temps, quand il n'en restera plus que 2 voir une seule, elle fera ce qu'elle voudra. Or, à ce que je sache, nous n'avons jamais vu les prix, donc les marges baisser lorsqu'une entreprise ou une société d'état se trouve en situation de monopole !

Enfin ma dernière réserve et non des moindres tient au système privilégié. Les marges de la grande distribution n'ont aucune commune mesure avec celles des petits fournisseurs. Je vois mal ces grands groupes financiers renoncer à leurs profits. Je les vois plutôt imposer leur loi, imposer des prix toujours plus bas à l'achat donc forcer les fournisseurs à des gains de productivité supérieurs au raisonnable sans répercution intégrale aux consommateurs. Ils n'hésiteront pas à aller chercher sur le marché mondial des produits concurrents pour faire pression. La conséquence est alors très simple : soit l'entreprise "fournisseuse" délocalise soit elle disparaît et avec elle tous les emplois ! Je parle bien sûr ici des petites et moyennes entreprises et en aucun cas des grands groupes comme Nestlé ou Danone...

Or, ce que je trouve aujourd'hui perfide dans le débat, c'est que l'on fait croire que la grande distribution ne traite qu'avec ces grands groupes. Ce qui est complètement faux ! Ceux-ci détiennent souvent une marque qu'ils peuvent imposer à la distribution. Dans ce cas, il y a bien une négociation d'égal à égal... Je constate d'ailleurs que Michel Édouard cite très souvent ces cas là en exemple. Mais dans la réalité, les grands distributeurs cherchent des alternatives avec des petits fournisseurs. Et dans ce cas, il n'y a pas de règles, c'est la loi du plus fort; donc leur loi, sinon "vous dégagez" du magasin ! Je ne suis pas sûr qu'en donnant des pouvoirs accrus à ce type de commercialisation, on ne finisse pas par détruire le tissu des PME françaises qui restent de loin la base de notre économie nationale. Même si une entreprise de petite taille est corvéable à merci !

On évoquera alors le besoin de restructurer les secteurs, c'est-à-dire au plus fort de devenir le seul producteur digne de rester sur le marché, en attendant qu'il soit racheté ou entraîné vers d'autres pays... L'agriculture n'échappe pas à cette règle, elle y rentre moins rapidement du fait de son ancrage au terrain, pourtant en production viticole par exemple, beaucoup de gros producteurs français ont une exploitation dans les pays dits du Nouveau Monde...

Vous l'avez compris, j'ai peur que la loi de modernisation de l'économie ne soit en fait, pour quelques-uns, le moyen de renforcer leur pouvoir et leurs prérogatives... L'économie dirigée est une impasse, la liberté totale également ! Il serait temps, face à l'inflation des matières premières que nos sociétés réfléchissent à des règles qui permettent à chacun de s'en sortir en réalisant qu'il a besoin des autres... Le très petit entrepreneur que je suis, et que je veux rester, à l'impression bien souvent d'être l'esclave du système, condamné à produire toujours mieux sans retour vraiment payant... En d'autres temps, cela s'apparenterait à de l'esclavage :

Est-ce que dans nos économies dites modernes, nous en sommes si loin ?

Quand à Michel Edouard, il a déjà anticipé les attaques en s'affichant comme cible des lobbys ! Quand on a les moyens de sa communication, l'ogre devient victime, autre paradoxe de notre société !

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Commentaires
P
Sammy : Ouf ! grand sourire<br /> Val: C'est un début ! sourire<br /> KSK : Rien de nouveau sous le ciel !<br /> Drine: j'en ai fait le reproche à des copains viticulteurs : Souvent plus cher au chai qu'à la grande surface ! Cela renforce le poids des dernières...<br /> Par contre, pas tout à fait vrai pour les marchés mais tout dépend du contexte !<br /> RDT : j'ai répondu sur un post suivant<br /> DEN: Je ne cois pas qu'il y ait de problèmes de stockage cette année ... Le hard discunt est un endroit merveilleux pour ma participation aux courses... Plus que le prix, le fait de ne pas chercher et d'aller très vite... Par contre, je n'achète pas tout comme cela, pour faire simple , le sucre ça va, la viande, jamais !<br /> Bleuen: Tu ne parles pas des engrais, de l'aliment... Par contre, une fois remboursée les 5 cts de TIPP sur le rouge, on a le vrai prix... Et en voyant la flambée , je me demande ce que l'on peut réellement faire ?<br /> Malgven : Tout dépend quoi ! merci du passage !
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M
Il me semble qu'acheter dans des grandes surfaces "discount" n'est pas une solution... On n'a parfois pas le choix financièrement, peut-être. Mais pour que les prix soient si bas quel prix est alors payé au producteur ? En général ces produits ont fait de longs trajets...
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B
Bonjour,je suis conjointe d agriculteur et j en ai marre : 0.94€ litre de fuel, 900€ une vache !il faut donner les broutards ! personne ne dit rien !!!Comment les Bougez? les syndicats ne font rien!!<br /> il faudrait que tout le monde manifeste !!!<br /> consommateurs , agriculteurs, routiers , infirmières , et pêcheurs !!<br /> petites notes perso : 70%du prix du fuel est taxé !! les pêcheurs disent qu il n y arrivent plus et il paye : 0.68€ au lieu de 0.40€ l an dernier. <br /> vous pouvez faire un tour sur mon blog : bleuen@unblog.fr , je commence, merci.!!!
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S
Excellent article PH. J'adhère totalement.
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D
Le prix du blé a du baissé probablement pour cause de déstokage en vue de la prochaine récolte. Il faut bien faire de la place dans les silos.<br /> Les allemends achètent beaucoup dans leurs hardiscount, Lidl ,Aldi,( qui sont d'ailleurs d'origine allemande). <br /> Moi aussi je m'y rend.<br /> Pour être pris pour des cons. Sûr! ;-))
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