un gendre paysan, cela peut être utile !
Samedi au bord de la belle bleue.
Depuis la veille nous surveillons les bulletins météorologiques à la télévision. Les départements du sud sont en alerte orange. Alerte qui doit être levée vers 16 heures samedi après-midi. Nous décidons de différer notre départ pour éviter de traverser des orages violents sur l'autoroute A7 en direction de Lyon...
Nous partons donc vers 15 heures, pas de pluie mais un vent violent... Nous arrivons vers Valence, presque heureux d'être là sans encombres. La circulation est fluide, nous suivons parfaitement la marche indiquée par le GPS de Mme PH. Le plus dur nous semble être passé. Erreur ! En arrivant vers Vienne, je fais remarquer à Mme PH que les nuages noirs au nord sont plutôt menaçants. Dès le péage passé, commence une galère impressionnante. Il est impossible de rouler à plus de 80 km heure sur une autoroute complètement saturée d'eau. Nous traversons Lyon dans ces conditions, puis à Villefranche nous choisissons de sortir de l'autoroute : payer un péage pour rouler à 70 km heure ne présente aucun intérêt. Et je dois l'avouer même si je trouve que Mme PH est trop prudente dans sa conduite, que l'autoroute dans ces conditions là est très dangereuse. Il y a toujours des fous qui ralentissent à peine...
À force de galère, nous arrivons enfin ici en ayant l'impression d'avoir traversé des murs d'eau. Sur le dernier tiers du parcours, nous avons perdu plus d'une heure et demie sur le temps annoncé et normal.
Dimanche matin, je m'active pour mes animaux quand la voix de Mme PH m'interpelle : « Vient vite, mes parents ont une question à te poser ». « PH ? nous avons 60 cm d'eau dans la cave, aurais-tu une pompe… ? » « bien sûr… ».
Nous décidons rapidement avec Mme pH, de nous décommander pour un repas de famille. Je termine mon travail et nous partons avec pompe, tuyaux et bottes pour Villefranche où résident mes beaux-parents. En partant, nous essayons de savoir si l'autoroute que nous devons prendre, coupée au cours de la nuit, a été réouverte. Finalement, nous prenons le risque de cet itinéraire plutôt que de nous aventurer dans le Beaujolais. Il n'existe pas de carte en temps réel des routes inondées pour le réseau secondaire. La quantité d'eau dans la cave de mes beaux-parents laisse penser que les rivières doivent déborder…
Une fois sur place en début d'après-midi, j'installe la pompe et avec l'aide de mes filles et de Mme PH, nous commençons de vider la cave ! C'est impressionnant. Il y a urgence car la chaudière baigne, donc il n'y a plus de chauffage à la maison. De plus, l'électricité a sauté. Heureusement, j'ai apporté une grande rallonge qui nous permet de récupérer l'électricité du four à micro-ondes, seule prise encore branchée…
Ma cadette, qui a couché sur place, me raconte alors la matinée. L'eau s'est mise à monter dans la nuit. Il y avait des sirènes de pompiers partout. Lorsque mes beaux-parents ont découvert leur cave, ils ont composé le 18 qui ont répondu qu'ils ne pouvaient pas venir ne pouvant faire face à plus de 300 appels. Des voisins sont alors venus proposer leur aide et ils ont fait une chaîne pour vider la cave avec des sceaux. Au bout de deux heures, il avait gagné 10 cm et étaient tous épuisés. C'est là que ma cadette a suggéré à son grand-père que son paysan de père avait forcément des pompes et saurait quoi faire...
Vers 18 h 30, nous avions réussi à complètement assécher la case. L’eau continuait de filtrer dans la cave, j'ai installé la pompe pour la laisser sur place et permettre épisodiquement de vider l'eau qui arrivait. Ensuite, je suis allé tester et remettre en route l'installation électrique, fusible par fusible... J’ai été heureux de trouver la cause du court-circuit est de pouvoir remettre rapidement l'électricité. Coup de bol, l'eau s'est arrêtée 5 cm en dessous du circuit électrique qui commande le brûleur de la chaudière. Celle-ci est alors repartie.
Nous sommes alors repartis avec Mme pH, fatiguée par les 250 km, mais tellement heureux d'avoir réglé le problème de mes beaux-parents. Mme PH est d'ailleurs interrogative sur les choix des priorités des pompiers. Elle trouve un peu juste qu'on ne demande pas au téléphone l'âge des personnes concernées... Il est vrai qu'à près de 80 ans, laisser les gens assumer seuls des situations si particulières pose un peu question…
Moi quelque part j'en tire trois leçons :
o Souvent incriminés comme responsables des crues, les paysans sont de bons bricoleurs et savent gérer des situations lorsque dame nature se fâche. C’est quelque part une revanche sur les procès qui nous sont souvent faits. Dans la réalité, nous subissons comme tout le monde les aléas climatiques. Nous sommes aussi plus habitués et équipés pour en amoindrir au maximum les effets...
o Lorsque l'on traverse une ville aujourd'hui, vous remarquerez que très souvent qu'il n'y a plus de différences immobilières entre point haut et point bas ! Tout est bâti, bétonné... Dans n'importe quelle vallée de campagne, il y a obligatoirement un ruisseau ou une rivière qui coule. En ville, rien ! Pour gagner un maximum de place, on a enterré les petits cours d'eau. Tant et si bien que le jour où il pleut un peu plus, tout le bas de la ville construit sur le lit secondaire est alors inondé. Les dégâts coûteront très chers mais qu'importe, on évoquera le réchauffement climatique, la déforestation ou je ne sais quoi plutôt que de voir la réalité en face : construire dans les lits de rivières est une aberration !
o Enfin, météo-France peine quand même avec les bulletins d’alerte. Les gens se sont plaints de ne pas avoir été prévenus par les mairies, sauf que ces dernières ne savaient rien puisque l’alerte orange était sur le Gard et autres départements du sud et que les pluies diluviennes sont tombées 400 km plus au nord !
Dame nature reste la plus forte ! Un paysan le sait !