Un des chantiers du jour, élagage...
En mai 2009, j'avais pris cette photo du pré que je venais de reprendre à un voisin !
C'est beau, luxuriant mais les noisetiers sont très envahissants. Une fois tous les 10 ans, il faut les élaguer. Il y a quelques années, je participais à des conférences organisées par des écologistes avec pour thème les haies. Ils nous reprochaient assez vertement l'emploi systématique des épareuses qui déchiquettent trop les branches. Ils voulaient que nous laissions monter des haies . Tout doucement, j'ai tenu compte de cette demande et je conduis une part non négligeable de mes haies en version hautes. L'épareuse reste l'engin idéal pour les haies d'épines noires ou d'aubépines.
L'avantage est qu'elle ne laisse aucun débris et qu'elle fait bourgeonner l'épine. Par contre, elle est proscrite pour les plantes à bois comme le noisetier. J'ai alors convaincu mon entrepreneur d'acheter un lamier.
La machine est très spectaculaire à voir fonctionner, mais pas question de rester proche, c'est dangereux. L'avantage est que la coupe est propre et nette :
Par contre, les branches restent au sol.
Il faut donc tout reprendre avec une fourche crocodile et faire brûler :
Le feu se termine sur la photo, mais le tas était spectaculaire au départ, j'ai même pris une vidéo. Je compte 2 heures d'évacuation des branches par quart d'heure de lamier. Pour que cela marche, il faut qu'il fasse beau, sinon le feu est plus difficile à faire prendre, et que le terrain porte pour utiliser le tracopelle. Il est déconseillé de faire cela dans un pré avec des vaches, pas pour des raisons de toxicité mais parce qu'elles traînent les branches partout. Même avec les engins, un quart du temps de ramassage est manuel ! C'est donc un exercice assez physique ! Le résultat est net :
Je vais donc pouvoir tirer les fil de la clôture ! Il faut que je pense à prendre mon appareil photo, en mai, cela se verra presque plus, l'année prochaine il n'y paraîtra plus rien. Il est probable que nous ne retoucherons pas à cette partie avant une dizaine d'années !
Ainsi, je répartis cette façon de gérer pour ne pas être débordé de travail une année !
J'ajoute qu'il est indispensable de rabattre de temps en temps les haies hautes sinon elles s'abîment. La nature suppose un entretien minimum. Je dois avoir maintenant un bon quart des haies en conduite haute. Les oiseaux ne s'en plaindront pas. Par contre, cette conduite est impossible le long des routes pour des raisons de visibilité donc de sécurité et d'envahissement également. Elle convient bien aux parcelles pâturées par les animaux auxquelles elles procurent des abris. Inappropriées pour les parcelles de récolte, c'est le calvaire avec les engins. On casse des pare-brises, des gyrophares, des rétroviseurs avec les branches...
J'estime le coût total du strict entretien des haies à plus de 3000 € par an sur ma ferme, en comptant mes heures de travail aux 7 euros, c'était le tarif avant les crises, mais sans tenir compte des coûts de clôtures que j'aurais par ailleurs même sans haies ! On doit perdre également au moins 5% de la surface qui n'est pas cultivée ou qui subit la concurrence, perte qu'il n'y a pas en openfield !
L'entretien du paysage représente donc un coût non négligeable pour les paysans ! Mais sans haies, le charolais ne serait plus le charolais. Sans haies, ma ferme ne serait plus chez moi !