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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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20 mai 2010

reprise à 100 à l'heure...

Petit retour en arrière : nous avions prévu de partir le lundi en fin d'après-midi... Dans ces cas-là, je m'efforce de tout prévoir afin de faciliter au maximum le travail de surveillance des animaux. Mais...

 

Le lundi matin, je me tords violemment une cheville en descendant du tracteur dans un pré. La douleur me fait crier. Péniblement je parviens à remonter sur le tracteur et je continue mon travail. Je suis au ralenti, incapable de marcher à allure normale. Je file au pré du Verne et, là, consternation lorsque j'arrive, le troupeau de mon voisin est passé avec le mien. Je ne peux rien faire en l'état, je dois de plus revenir à la ferme, car des vaches doivent partir à ce moment-là. J'avertis le propriétaire des animaux en lui disant que je le rejoindrai dès que mes animaux seront chargés. Le camion arrivera avec 1 h 30 de retard, victime de contraintes sanitaires imprévues. Je suis, par téléphone portable, le déroulé de l'opération récupération des animaux. En réalité, cela se passe mal et mon voisin me demande d'attendre le lendemain que tout le monde soit calmé, pour trier les deux lots. Je l'avertis de mon souhait de partir l'après-midi même, et de mon incapacité physique à courir... L’autre voisin qui garde mes animaux me propose alors de partir sans me poser de questions, m'assurant qu'il s'occuperait de tout…

 

À l'heure du départ, nous sommes hésitants... Mme PH est très fatiguée de ses journées de formation parisiennes. Elle n'a pas trop envie de partir le soir. Moi, je suis partagé entre mon souci pour ces animaux qui sont mélangés et la conviction que si je reste jusqu'au lendemain matin, que je ne pourrais pas m'empêcher d'aller trier les lots. Ce qui signifierait un départ après le déjeuner soit une journée de vacances en moins. Un dernier appel à mon second voisin me convainc de partir le soir même. Finalement, nous sommes si fatigués, que très raisonnablement, nous nous arrêterons coucher à Lyon vers 23 heures. Le mardi matin, sur l'autoroute du Soleil, je profite de toutes les pauses pour m'enquérir de ce qu'il advient de ces animaux... Rien ne se passe comme prévu, mes vaches ont suivi les voisines et refusent obstinément de revenir dans mon pré. Cela confirme l'expression selon laquelle : « l'herbe est toujours plus verte dans le pré d'à côté ! » Tous les matins de la semaine de vacances, je téléphonerai pour savoir si enfin ils ont réussi à ramener les vaches… Ils n'y arriveront pas et cela m'ennuie beaucoup. C'est le seul accroc à des vacances par ailleurs formidables, vraiment reposantes pour une fois. Je me promets donc d’agir dès mon retour.

            Dardon_le_soir

 

Le mardi suivant, nous quittons la belle « bleue » vers huit heures du matin. Mme PH profite du trajet pour apprendre ses cours afin d'être prête pour son examen de juin. Je conduis tout le trajet en respectant des pauses toutes les deux heures. Vers 14 h 15, nous remontons notre chemin. L'œil de l'éleveur est déjà aux aguets. Je remarque tout de suite qu'un troupeau n'est pas à sa place. Nous déchargeons la voiture en quatrième vitesse, nous mangeons tout aussi vite car Mme PH doit repartir pour son travail. Pour ma part, je téléphone à mon remplaçant pour lui demander un petit coup de main afin de récupérer le troupeau qui se promène dans un pré de fauche. Malheureusement, il est pris dans un chantier d'ensilage. Je prends ma moto et je pars tenter de remettre de l'ordre. Je réussis tant bien que mal à ramener le troupeau vagabond dans sa parcelle d’origine... Sans que je puisse comprendre comment, sans doute en se frottant, les vaches ont réussi à pousser une barrière. En récupérant ce qui est nécessaire pour la refermer solidement, le câble d'embrayage de la moto casse… Me voici donc contraint de passer les vitesses sans débrayer. Inutile de vous dire que la conduite est sportive. Je  parviens à tout faire et je rentre, renonçant à ce moment-là à aller régler le problème des vaches du pré du Verne. Je cours ensuite à Montceau-les-Mines pour commander un câble et j'en profite pour faire quelques commissions, le frigo étant vraiment vide.

 

À mon retour, par acquit de conscience, bien que je les aie déjà vu à moto, je retourne jeter un petit coup d'œil aux retardataires de vêlages. J'ai oublié de vous signaler qu'une des deux génisses restantes a posé un joli petit veau, seule, pendant mon absence. Je remarque immédiatement que la génisse gestante restante s'est isolée. Je m'approche lentement, mais elle se relève. Son état ne laisse aucun doute, elle va vêler. Comme c’est l'heure de dîner, je rentre rejoindre PH fils. Aussitôt après, je retourne voir la génisse. Elle n'a pas avancé. Ayant peur d'être surpris par la nuit, je décide de la rentrer. Pour pouvoir le faire, j’installe des barrages mobiles avec les tracteurs. Il est impossible de rentrer une vache seule. Je  ramène donc les trois vaches et deux veaux dans la stabulation. Je réussis à les prendre aux cornadis. Je  passe une main et constate que le veau à naître est assez gros. J'organise alors le vêlage qui va durer plus d'une demi-heure et faire partie de la dizaine de vêlages très techniques que je réalise chaque saison... Tout se passe assez bien. La jeune mère est tout de même un peu secouée et a du mal à garder son équilibre une fois le veau né. D'autant plus que lorsque je tire comme cela, je préfère boucler pour éviter les renversements de matrice. Alors que tout est terminé, que la vache est seule avec son veau dans une case curée où habituellement elles sont huit, se produit un accident. Titubant, en voulant avancer, elle marche sur son veau. Je ne peux rien faire, je laisse faire et je rentre, il est 22 heures et Mme PH vient d'arriver de son travail.

 

Hier matin, j'ai fait boire le veau. Bien qu'il soit très beau et gros, il s'est levé. Je lui ai appris à téter. Il semble bien aller. Le soir, j'ai relâché dans le pré le couple. Dans la matinée, mon voisin m'a rejoint et je suis allé en moto, toujours sans embrayage, pousser les cinq vaches rebelles du pré du Verne. Les coquines connaissent bien leur monde. Dès qu'elles m'ont vu et reconnu, elles sont revenues lentement vers le passage qu'elles refusaient de franchir depuis une semaine. Avant que mon aide soit arrivé avec le tracteur, à l'issue d'une petite feinte, j'avais réussi à les repasser. Cela l'a beaucoup amusé, il n'a pas eu besoin de descendre du siège, si ce n’est pour me donner un petit coup de main pour remettre les clôtures en ordre. Tout cela sous la surveillance de mon autre voisin à qui j'avais demandé de ne pas se montrer pour ne pas affoler les vaches. En moins d'une demi-heure, tout était revenu ainsi à la normale. L'après-midi, une fois les déchets plastiques portés à la coopérative pour être recyclés, je suis retourné renforcer les clôtures. Les vaches étaient très calmes. Reste donc le souci du veau dernier-né. Je ne sais pas si ce pied posé lui a fait du mal ! S’il y a une hémorragie interne ou autre problème, il faut plusieurs jours pour savoir...Je ne suis pas encore soulagé d'avoir terminé les vêlages.

 

Voilà donc l’histoire d’un retour à 100 à l’heure. Avec des animaux, rien n’est prévisible… Cela me pose vraiment question pour l’avenir. Comment s’organiser pour pouvoir prendre quelques jours sans se retrouver pris en otage par des événements imprévus ? Une culture, une fois en place, ne bouge pas de son champ. Avec les troupeaux, il peut toujours se passer quelque chose. Il faudrait que nous trouvions des solutions plus souples que les services de remplacement qui doivent respecter le Code du travail. Je comprends la législation, mais comment faire pour que la surveillance puisse se faire en cas d’absence sans que cela soit considéré comme du travail de nuit ou de jours fériés ? C’est un peu la quadrature du cercle qui nous met un fil à la patte. Pourtant, que j’aimerai pouvoir prendre quelques jours de répit de temps en temps. D’autant qu’avec l’âge, la fatigue vient plus vite… Le pourrai je ? J’espère qu’avec d’autres éleveurs, nous trouverons des formules qui le permettent. C’est même un enjeu majeur pour attirer des jeunes et plus encore, des jeunes femmes qui acceptent de partager leurs vies…

            veaux_le_soir

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Commentaires
D
et la cheville ?? parcque du coup tu parles plus de ta cheville douloureuse .....<br /> heureusement que la solidarité opére .... entre voisins ...
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O
Est-ce que quelqu'un a déjà étudié la possibilité de faire appel, non pas à un intérimaire salarié mais à un associé tournant, ayant une participation dans chacune des exploitations où il intervient et dont le planning d'intervention serait établi chaque année lors d'une réunion regroupant tous les chefs d'exploitation et l'associé tournant, lui-même exploitant agricole. Evidemment ce nouveau type d'exploitation agricole serait à faire reconnaître par les organismes de tutelle.
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Y
Bien des métiers ont su s'adapter et gérer des remplacements afin d'alléger la vie professionnelle. Je ne vois pas pourquoi cela ne pourrait se mettre en place dans l'agriculture. Aux gens concernés de regarder ce qui se fait ailleurs (autres pays, autres métiers, etc ...) pour savoir ce qui est réalisable.<br /> Je crois, et tu le montres bien, que c'est vital pour l'avenir des exploitations agricoles.
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M
Vous n'avez pas souvent l'esprit libre...Rien de plus normal que de vous libérer de temps en temps. Je vous souhaite de trouver une solution pour que vous partiez sans trop avoir à vous questionner... Je pense à mes parents et à tous ceux de ces années où les remplaçants n'existaient pas. Jamais de vacances, 365 jours par an, matin et soir, contrainte de la traite, longtemps manuelle, d'une quinzaine de vaches, en plus de tous les travaux des champs ...On pourrait croire que votre troupeau ressentait votre absence et que votre seule présence au retour, a suffit à remettre les choses en place... Bon courage.
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R
PH, il existe dans le code du Travail un truc qui s'appelle astreintes... Alors la solution serait peut être un système de surveillance entre voisins (à charge de revanche) avec un personnel de remplacement d'astreinte... Il faudrait y réfléchir d'un peu plus près, mais ça ne me paraît pas totalement farfelu. Par contre, quand il y a intervention, il faut payer... heures sup, de nuit, fériées etc... et éventuellement une prime d'astreinte.<br /> On pourrait en reparler,
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