Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
paysanheureux
paysanheureux
Publicité
paysanheureux
  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 1 434 966
22 avril 2011

Vendredi saint

Je n'arrive pas à retrouver un moral en béton en ce moment. Plusieurs raisons à cela.

D'abord, une vache réagit bizarrement à la prise de sang annuelle de recherche de maladies. Une des plus vieilles, n'ayant jamais bougé. J'en suis à la troisième prise de sang. Il faut dire que voulant trop bien faire, j'ai fait la seconde immédiatement après avoir reçu le résultat de la première ! J'attends les nouveaux résultats ! J'ai énuméré toutes les causes possibles qui auraient pu permettre une contamination : Rien ne justifie ou explique ce résultat sauf une réaction anormale constatée dans un certain nombre de cas cette année qui serait expliquée par la sensibilité du nouveau test à une maladie sans conséquences, proche de celle recherchée ! Aucun autre animal n'a réagi , y compris aux contrôles et comme c'est une maladie sans  aspects cliniques, le problème est complexe et mystérieux. En attendant, cela m'empoisone la vie...

Pire, je me suis créé ma propre auto-flagellation en travaillant avec un groupe technique ! Je m'explique : Je pense qu'il nous faut trouver de nouveaux moyens de gestion de nos fermes et pour cela, il nous faut de nouvelles références. Or tous les outils actuels sont toujours basés sur une approche dite "productiviste". En gros plus tu récoltes, plus tu gagnes. Je m'explique : Il nous manque un moyen simple d' analyser les bases réelles qui constituent la marge sur nos exploitations. On commence donc toujours par le rendement, souvent en pensant rendement maximum. Ce qui est très différent d'un rendement optimum. Dans ma production, il s'agit du nombre de veaux vivants par rapport au nombre de naissances. Il suffit que l'on ait quelques pertes accidentelles et on a l'impression que l'on est vraiment mauvais et que tout va être foutu. Or , c'est beaucoup plus complexe que cela. Dame nature ne donne jamais deux fois la même chose ! J'ai eu l'impression cet hiver d'avoir tout sacrifié, y compris mes sorties, aux vêlages ! Je n'ai jamais laissé plus de 4 h sans passage pour surveillance dans le troupeau. J'ai enraillé des diarrhées en faisant boire la nuit quand nécessaire, des coccidioses et la grippe... Et pourtant, il me manque 4 ou 5 veaux au final ! Deux parce qu'ils sont nés dans la poche, les vaches les engageant entre deux surveillances à 3 heures ! Faut il coucher dans la stabulation ? Un parce qu'il est né avec le cordon coincé dans les onglons d'une patte avant ! Deux suite à des présentations anormales, engageant juste la queue. Du coup, les vaches  ne forçaient pas (dont une paire de jumeaux). Trois avortements contre un en année normale. Deux qui ont reçu des coups de pieds des mères ce qui arrive un année sur 5. Et un jumeau des suites de diarrhée !  J'ai un sentiment d'injustice au regard du travail fourni. Mais les statistiques sont implacables : je me juge incompétent ! Je me demande au regard des prix de vente si mon travail mérite vraiment ces efforts ?

Pourtant si ! Car les outils d'évaluation ne retracent pas tout . Bien sûr, il est évident que si ces veaux étaient vivants, cela irait mieux. Mais, (heureusement je ne suis pas le seul a en faire la remarque dans le groupe) ce seul critère n' explique pas intégralement les résultats économiques. Dans un élevage extensif comme le mien, il se produit des compensations sans que je sois en mesure de les expliquer. J'ai connu pareil résultat il y a trois ou quatre ans sans que le résultat final soit catastrophique par rapport à des exploitations qui n'ont pas eu le problème, ni par rapport aux années antérieures ! En fait, on ne connaît pas la vraie part de charges "proportionnelles" supportée par un veau ! Un peu moins d'animaux permettent de sans doute mieux nourrir, d'avoir moins de parasites et autres conséquences impossible à chiffrer. Ce qui fait qu'au final, il y a sans doute une amélioration de la productivité par animal ! De plus, avec le poids des subventions qui couvrent une partie des charges obligatoires, on peux se poser la question de savoir si on les rend pas moins sous forme d'achat d'aliment, d'engrais ou d'autres frais ? L'essenciel étant d'adapter les dépenses à la réalité instantanée du troupeau... Il n'empêche, je me trouve mauvais, par manque d'explications. Même si en recalculant avec les cours 2006 des charges et ventes, ce serait la baraka  !

Enfin pèse l'incertitude de la météo ! Et là , je passe mon temps à scruter le ciel, la girouette et les prévisions, surtout ce vendredi saint qui est un marqueur du printemps ! En ce moment, le vent, soutenu de SSE dessèche tout ! Je ne crois plus à une récolte record en céréales, qui pourtant avaient des implantations remarquables pour la région en fin d'hiver  ! Pour l'herbe, rien n'est joué...

        girouette_SSE

Les prévisions changent d'heures en heures ! Un coup, il pleut demain. Puis il ne pleut plus. Puis il doit à nouveau pleuvoir, puis plus ! Cela me met les nerfs à vif ! Je regarde le ciel dès le lever du jour, admirant les lumières magnifiques mais ne sachant plus si cette beauté ne sera pas fatale ?

                ciel_du_matin

Réponse, peut être dans quelques jours ?

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
P
lieve : Je suis heureux de vous lire ! Je crois que les inquiétudes climatiques sont les mêmes chez tous les paysans dès qu'on quitte la normale ! Mon fils n'aime pas trop surveiller les vaches et il stresse tellement lorsqu'il le fait ( très rarement) que je ne crois pas que cela soit une solution ! Je tiens à ce qu'il réussisse ses études, le reste viendra peut être ensuite ! <br /> Pour ce qui est de la spécialisation en broutards, je crois que le problème tient à plusieurs facteurs ! L'un d'entre eux, tient à l'éloignement des ports pour s'approvisionner en matières premières. Il faudrait que j'écrive un billet sur le sujet ! Pour l'usine de ma coopérative, nous achetons à Anvers et le transport se fait ensuite par camion ! Si le canal Rhin Rhône n'avait pas été abandonné, le coût de ce transport aurait pu être divisé par 5 et donc nous pourrions être concurrentiel. Quand à décharger à Marseille pour remonter en grand gabarit par la Saône,l'actualité des conflits sociaux apporte la réponse ! Nous sommes donc tributaire de facteurs pénalisants sans que nous ayons de prise sur eux ! Il serait pourtant prudent de ne pas dépendre du seul marché italien et d'être capable, même partiellement, de finir les animaux !
Répondre
L
Bonjour,<br /> Je suis Belge, j'habite tout près de la Hollande. Avec mon mari, nous avons une ferme avec du blé, des betteraves, des pommes de terre, des oignons et des taureaux. Je suis ravie de suivre un peu votre blog, et apprendre ainsi comment la vie est chez vous. Mais je crois qu'il reste toujours un élément inconnu dans chacque analyse économique: c'est le prix de vente des broutards. Chez nous les jeunes taureaux sont plus chers aujourd'hui que l'année passée. Et pour le vélage, je ne connais pas votre famille, mais le fils ne peut-il pas une fois aller voir les vaches? Cela vous laisserait prendre du repos de temps en temps. Quand nous en sommes aux récoltes, on est fatigué, et on ne remarque pas si vite si une maladie se manifeste chez le bétail. On regarde, mais on ne "voit" pas!<br /> Ici aussi il fait très sec, et beaucoup trop chaud. On se croit en plein été. <br /> Beaucoup d'amitié,<br /> Lieve.
Répondre
P
François : Il me faut attendre encore une dizaine de jours avant les résultats... <br /> Joellebarn : Oui, la loi des séries !!!! J'aime bien la philosophie de votre ami ! Il faut que je la fasse mienne !<br /> Solexine : Merci de la dernière phrase. Ici, je roule pas d'eau car les parcelles ont toutes des sources. Si elles tarissent, j'ouvre sur les voisines... Cette atmosphère "sèche" est pesante. On ne peut heureusement rien pour le climat. Mais une sécheresse nous coûte beaucoup plus cher que les pertes de veaux ! Surtout en ce moment avec l'hyper-inflation des denrées alimentaires ( paille à 129 € par tonne cette fin d'hiver...)<br /> <br /> Bernard : Un coup de tonnerre à l'instant mais toujours pas de pluie ! Les 1 mm de cette nuit ont déjà été absorbés par les plantes. Je pense comme Toi que le facteur chance est bien déterminant ! Mais comme on est impuissant quand on n'en a moins !
Répondre
B
Bonjour PH<br /> Moi je pense que tant qu'on va élever des bovins, faire naître des veaux, on aura des emmerdes. C'est comme ça, on travaille avec du vivant avec tous ses impondérables.J'ai connu ça aussi ,de croire avoir tout bien fait et de faire des pertes.C'est d'autant plus déprimant<br /> Mais je pense aussi que le facteur chance est très important. On peut se permettre des petites "fantaisies" comme des pannes de réveil, des relachements de surveillance voulus ou non et tout va bien. C'est parfois très surprenant.<br /> De toute façon il faut toujours se remettre en question,et ne pas regarder le résultat sur une seule année<br /> Pour ce qui est du temps , cela commence à m'inquiéter. La pluie serait la bienvenue mais "le vent des rameaux ne cesse pas de si tôt" et il ne nous était pas favorable<br /> Quand à nos prévisionnistes météo je les trouve affligeants aussi.
Répondre
P
Plo : Je crois que vous avez saisi la problématique ! Nous recherchons une nouvelle approche de critères d'appréciation d'un élevage. A la fin de la réunion, par provocation, j'ai lancé : Et au milieu de tout cela, où est le bonheur d'élever des animaux, de vivre à la campagne, d'innover et d'investir ( pas seulement en capitaux ) ? Je voulais dire par là que les seuls critères techniques ne résument pas une profession. De toute façon, quand on va aligner les chiffres économiques, on va se rendre compte que tout est différent. Car caque exploitation a ses propres caractéristiques ! Et c'est là que tout va se compliquer car on sera face à des choix que personne n'ose aborder : Faut il aller vers l'utilisation de toutes les techniques possibles même quand on n'en connaît pas toujours les conséquences ou faut il accepter d'avoir une agriculture plus proche de la nature et donc plus aléatoire ? A l'échelle du temps, c'est la seconde qui va réserver des surprises en terme de résultats financiers à condition d'investir en fonction ! Et c'est parce qu'elle remet en cause tout le schéma de développement des dernières décennies qu'elle est difficile à appréhender. Par exemple, au regard de ma ferme, est il aberrant que je prenne des risques au vêlage en gérant seul un troupeau plus important si cela m'évite d'employer un salarié que je ne pourrais pas payer et si je ne m'engage pas dans un cycle de production avec achat systématique d'aliments, d 'engrais et autres intrants de plus en plus onéreux ? C'est donc tout le débat de l'agriculture de demain qui est derrière ces questions ! Sauf que le modèle actuel reste calé sur des critères qui tendent vers une productivité maximale ! "Intensif" veut donc dire pour nous utilisation maximale des potentiels par opposition à "extensif" qui veut dire plus proche du naturel, plus ceuillette !
Répondre
Publicité