Douche froide sur les cours des broutards
Douche froide la semaine dernière ! Nous ne sommes plus tenus par la vaccination FCO. Mais par précaution, j’ai terminé ce qui avait été commencé, à savoir le rappel à la fin décembre. Des informations contradictoires circulaient sur les exigences des pays du maghreb ! Difficile de savoir comment faire ? Difficile de prendre le risque d’être hors jeu pour un simple rappel manquant. Il y a eu un bateau pour l'Algérie à la fin du mois de décembre. Trop tard pour que mes broutards puissent le prendre.
Mes veaux étaient déjà très lourds, certains passant les 500 kg et plus nombreux les 450… Ces animaux plus lourds sont bien valorisés en Algérie en particulier, beaucoup mieux qu'en Italie. J’attendais donc, comme beaucoup, de connaître la date du prochain bateau, si bateau il y aurait. Le marché italien semble saturé. Nous n’avons aucune information fiable sur ce qui se passe là-bas, juste les rumeurs des marchands. Avec les cours record du maïs, surtout au moment de la récolte, on peut imaginer que certains « maïs-culteurs » aient été tenté de ne pas ensiler et de vendre en grain. A leur place, je crois que je me serai posé la question. D’autant que les cours des animaux sont très très incertains. Il faut aussi reconnaître que le cours des animaux maigres, ceux qu'ils nous achètent, étaient élevés à l’automne, de l’ordre de 3 € le kilo. Mais le différentiel positif par rapport aux dernières années ne représente pas le seul facteur de la baisse de rentabilité éventuelle d’un bovin en Italie cette année. Toutes les autres charges flambent alors que la marge que génère la vente du maïs en grain est énorme et sûre… De surcroît, le travail qu’occasionne l’élevage, les risques de perdre des animaux, les problèmes sanitaires ne sont pas comparables avec celui du maïs qui s’achève avec la moisson… Bref, rien ne permet de savoir si les stratégies italiennes ont changé, ni dans quelles proportions…
Donc, face à un marché italien déprimé en cette fin d’année, ma production habituelle de broutards alourdis, se retrouvait décalé. Seule lueur d’espoir, l’Algérie.. Il n’y avait donc pas le feu dans le lac ! Je devais avoir une réponse après le week-end à mi-janvier. J’avais même donné ma feuille de poids à mon acheteur. On pensait mettre une dizaine de veaux en Algérie et une autre dizaine en Italie. Mais c’était sans prévoir les événements au Mali. La guerre ne fait pas bon ménage avec le commerce. Résultat plus d’Algérie, du moins pour le moment, et comme par hasard, baisse immédiate en Italie.
Il me restait alors deux choix possibles! Soit garder les animaux lourds en attendant une réouverture algérienne, un autre marché ou une finition en baby, soit accepter de perdre maintenant et d’être débarrassé ! J’ai choisi (peut-être à tort ?) la seconde solution. D’abord, j’ai besoin de trésorerie immédiate. Deux, ayant des références sur la ferme, je me savais contraint de racheter nourriture et paille. Trois, nous n’avons aucune visibilité sur le cours des babys à venir, donc aucune certitude qu'ils compensent les frais engagés. L’avenir me dira si j’ai eu raison ou tort ? Pour le moment, il n’y a pas de marché nord-africain. Côté babys, les cours sont traditionnellement au plus haut à cette période, or ils sont moins bons que l’année dernière en ce moment. Enfin côté aliment du bétail, pas de baisse qui permette d’assurer une marge normale. Garder les animaux est donc spéculatif dès lors qu'il y ait un risque de devoir acheter de la nourriture. Les animaux de 500 kg sont donc partis pour 0.61 € de moins au kilo que ce qu'ils valaient à l’automne, ceux de 400 kg pour 0.46 € de moins. Retour 2 ans en arrière sauf que les charges...
Le marché peut se retourner dans quelques semaines comme il peut rester à ce niveau ! Rien, ni personne ne peut être affirmatif. Il me reste la moitié des broutards à vendre, l’année est donc mal engagée. Sauf du côté des vaches qui elles sont à des sommets ! Problème, j’en vends moins puisque je vends des laitonnes pour respecter mes engagements de chargement. Faut-il changer de stratégie de production ? Aucune filière bovine n’est construite et sûre, il est donc difficile de faire un choix. Sur les données actuelles, il faudrait faire moins de vêlages et finir toutes les femelles en adulte. L’année dernière, c’est le contraire qu’il fallait faire…