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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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22 novembre 2019

« Au nom de la terre… »

« Je n’ai pas envie d’aller voir le film, pas en ce moment. J’ai peur d’en ressortir avec le cafard… » J’ai entendu de nombreuses fois ces réflexions ces derniers temps de la part de mes collègues. Rarement un film touche autant notre monde de l’élevage. Je n’échappe pas à ce sentiment, bien au contraire…

NOM DE LA TERRE

Un ami, qui gère un cinéma, m’a un peu refroidi. « Le film fait très peu d’entrées à Paris alors qu’il cartonne en province, surtout dans les petites villes. » Je le regrette beaucoup, car il est issu d’une histoire vécue et explique très bien l’engrenage de l’endettement, de la course à la production en passant par un atelier hors-sol dans ce cas... Bref, il relate les engrenages qui conduisent aux difficultés actuelles du monde de l’élevage. Dommage que certains fassent des procès sans prendre le temps de chercher à comprendre.

Pour nous éleveurs, il nous touche directement. La plupart des scènes du film nous rappellent des situations vécues même si les contextes ne sont pas les mêmes pour chacun. Comment boucler les « fins de mois » surtout à une époque où l’argent coûtait très cher ? (Les intérêts ont atteint 13% à 14 % pour des emprunts à 20 ans lors de mon installation). Chacun se retrouve également dans les plans de production qui ne se déroulent jamais comme prévu. S'en suit la tentation de la fuite en avant et il faut bien le dire l’orgueil de vouloir paraître être le meilleur, sans admettre ses doutes et ses échecs…

Personnellement, j’ai été très touché par ce qu’a dû endurer l’épouse et les enfants.  Une ferme de chez nous reste une affaire familiale qui implique tous ses membres même s’ils travaillent en dehors ou s’ils font des études. Cela amène beaucoup de réflexions. Mon précédent billet en fait état, de façon plutôt négative certes. En sortant, nous avons eu des discussions avec Mme PH. Mais il y a également des côtés positifs. Mes enfants, même s’ils n’ont pas repris, restent des enfants de paysan, attachés à la terre, à la nature ! S’ils doivent vivre en ville pour le moment, ils ont besoin de se ressourcer dans le monde rural. Mieux, en m’observant avec mon petit fils lorsqu’ils viennent en week-end, ils se demandent comment je pourrais poursuivre mon initiation à la nature, maintenant que je suis en retraite, avec les petits enfants à venir. Cela semble pour eux essentiel à transmettre !

Je suis convaincu également qu’avec mon épouse, nous leur avons transmis des valeurs profondes sur le respect du travail accompli, de l’effort, de prendre le temps, de solidarité, de patience, de respect des autres et surtout de savoir se relever quand… La nature n’est pas un long fleuve tranquille, tout comme la vie...

Pour revenir à la question de départ, faut-il ou non aller le voir quand on est concerné ? J’ai envie de répondre oui. En ces moments difficiles pour l’élevage, il n’est pas mauvais d’avoir un miroir pour s’interroger et le film permet de prendre un peu de recul pour comprendre comment nous en sommes arrivés là. Les acteurs nous renvoient à nos propres personnages. Rufus incarne la génération « patriarche » qui avait toujours raison. Guillaume Canet incarne la génération conditionnée à produire, coûte que coûte. Anthony Bajon la génération qui se cherche aujourd’hui… Il y a un peu de chacun des personnages dans le paysan du moment. La révolution verte n’est pas aboutie. On le voit avec les remises en cause sociétales de l’agriculture actuelle… Je serai tenté de dire qu’un film comme cela est un point de départ pour une réflexion de fond sur notre profession mais également pour tous ceux qui l’entourent et en vivent aujourd’hui. On ne peut nier que les choix techniques préconisés ont des conséquences énormes. Le débat de la relation au conseil et au commerce d’amont et d’aval se pose plus que jamais…

Pour l’anecdote, au cours d’un repas, la maman d’un sous-marinier m’a indiqué que son fils avait interdit à sa compagne d’aller voir le film quer je trouve remarquable « le chant du loup » !  Comme quoi, quand le cinéma est bon et très proche du vécu, il ne laisse pas indifférent…

 

FILMS

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Commentaires
J
Pas envie de voir ce film qui reflète la réalité, je risquerai de trop "chialer"...Comme dit plus haut, vaut mieux ne pas le voir seul (e). Ce que j'ai vu du témoignage de femmes d'agriculteurs dans un reportage à la télé, comme cette jeune veuve de 24 ans, qui a repris l'élevage de porcs de son mari, me laisse dubitative et vraiment admirative de certaines compagnes de paysans. D'ailleurs, toute proportion gardée, les agricultrices se suicident-elles ? Y'a un truc qui me chiffonne quand même dans ces suicides. Pourquoi laisser sa femme se ' démerder" seule face aux difficultés, d'autant plus s'il y a des enfants. C'est une forme de lâcheté, si je puis me permettre de prononcer de tels mots. Mais, j'ai déjà entendu dire ça... Y'a quand même d'autres raisons. Dans le suicide d'agriculteurs, y'a beaucoup de gens seuls ou qui ont été lâchés par leur femme, y'a beaucoup de "taiseux", de ceusses qui gardent tout pour eux. <br /> <br /> Les banquiers, la paperasse administrative, le fisc sont les grands responsables. Il faudrait que les administratifs arrêtent d'embêter le monde des travailleurs. Bon, je sais, ceux-là tiennent à tout prix à sauvegarder leurs emplois en faisant c....tout le monde. <br /> <br /> Faudrait que les agriculteurs mettent leur fierté dans leur poche et se fassent aider, parlent. Parle à qui ? Et ben, à tous ceux qui voudront bien les écouter. Tiens, faudrait que tous les paysans ouvrent un blog ou équivalent et racontent leurs difficultés. Ce serait se soulager un peu. Partager sa souffrance, ce n'est pas guérir, mais ça permet de déposer une partie de son fardeau. Tiens, c'est pas un apôtre qui disait à peu près la même chose avec son manteau.<br /> <br /> Il faudrait que les agriculteurs parlent entre eux. La solitude morale est la pire. Au fond, n'est-ce pas tout simplement du burn out qui conduit à ces extrémités ? Il faudrait que les agriculteurs puissent sortir plus souvent de leur ferme. Les éleveurs sont les plus mal lotis, éleveurs de toutes bêtes. Parfois, un simple week-end fait oublier un peu "ses emmerds'". Bon, je sais, faut trouver quelqu'un pour s'occuper des bêtes...et ça, c'est galère et ça coûte "bonbon"...Tiens, pourquoi ne pas demander aux retraités agriculteurs, et, en contrepartie, leur donner une meilleure retraite..Les femmes ont bien droit à un congé maternité offert par dame sécu, alors pourquoi pas aussi une aide financière payé par l'Etat pour les agriculteurs. Ce serait faire œuvre de solidarité nationale, non !
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G
je l'ai vu, <br /> <br /> L'histoire remue un peu, c'est tellement vrai ce malheur, il faut être en forme pour aller le voir et accompagné de bons amis pour en discuter après .<br /> <br /> Nous avons un jeune voisin agriculteur de 38 ans qui s'est donné la mort, l'age d'un de mes fils , c'est vraiment triste
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F
Je verrai ce film lorsqu'il passera sur les petits écrans, car nous n'allons pas au cinéma.<br /> <br /> Mon fils m'ayant dit une fois qu'il avait cherché le meilleur moyen de "partir" sans laisser de dettes à ses enfants, je pense que ce film me prendra aux tripes, tout comme cela été le cas lors du passage du réalisateur et de l'acteur principal sur les plateaux de tv.
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D
Malheureusement, ce film est trés réaliste, j'ai la même impression que vous à son sujet et je pense que tout le monde devrait voir ce genre de documents. Il est par ailleurs trés bien fait et trés bien joué. Par contre je n'ai pas eu l'oportunité de voir le chant du Loup et je le regerette. En province où il n'y a qu'un seul patron de cinéma comme c'est le cas, chez nous, nous sommes tributaires des choix du marché. Comme pour tout finalement.
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