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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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21 novembre 2005

flash ferme, c'est parti....premier vêlage...

Je ne reviens pas sur le - 8° de ce matin, heureux paysan lorsqu'un tracteur fut démarré...Les abreuvoirs étaient complètement gelés mais vu le nombre d'animaux en stabulation , rien ne sert de s'affoler, attendre le dégel bien tranquillement et agir si cela tarde trop. On n'est pas en janvier et en fin de matinée, tout de ce point de vue était en ordre...

Premier bâtiment OK... 2è stabul. les vaches à l'engrais pas de problèmes... Elles ont bien couché dehors mais en entendant le tracteur dans le premier bâtiment , elles  sont venues dans le second, je vous parle des génisses prêtes à vêler... J'avance très tranquillement, et commence de distribuer mon sceau...Machinalement, je compte 1,2,3....18 , il m'en manque une, je recommence à nouveau 18! Mon sang se glace, il n'avait pas de mal, mince, il faut que je cherche la 19 è, des fois que...

Je pose mon sceau, commence de fermer les barrières, prêt à partir faire le tour des prés concernés, une bonne ballade...Oh , je n'ai pas été bien loin , juste en bas, derrière la haie... Je les ai trouvé...Ma vache, puisqu'elle a ce statut maintenant et un joli petit veau...Lui, le -8°, cela a dû le changer des 38.5° du ventre de la mère...Mais la nature est bien faite, pas tout le temps , c'est le problème, mais quand le veau n'est pas trop gros et qu'il se présente bien, jusqu'à - 12°, ce n'est pas un soucis...La mère le lèche pour le réchauffer et il faut qu'il tête dans l'heure qui suit...Visiblement, pour celui là, c'était le cas et il n'y avait pas besoin d'un examen pour voir qu'il allait bien. On est toujours partagé, nous éleveurs, entre le désir d'intervenir pour aider la mère et le laissez-faire naturel, comment être sûr que tout va bien et éviter d'intervenir pour ne pas casser le lien qui se crée entre la vache et son veau ? Si vous le faites mal, vous pouvez , surtout avec des génisses(des animaux qui n'ont pas encore vêlés) briser ce lien si ténu au début...

Et joie, lorsque je suis revenu un grand moment après pour faire une photo pour vous, elle l'avait ramené dans le troupeau avec les autres animaux. Dame nature! Je vous cache pas que je ressens toujours ce petit pincement...La Vie ! Et puis, le premier...C'est un peu noël ...D'accord, une fois en route, c'est la contrainte des surveillances pour les 4 mois et demi qui suivent ( voir Internet , je vous y abonne...).Oui mais c'est notre raison d'être. Le premier: on le trouve bien petit , bien fragile...

Que va t'il se passer pour lui ? D'abord, même au pré donc sans caméra, je l'ai couvé de loin ce petit! Tenez, par exemple, vers 15 h cet après midi, j'ai réussi à démarrer le deuxième tracteur. Il était couché au soleil tout seul au milieu du pré car la mère était partie manger de l'herbe un peu plus loin...Dès qu'elle a entendu le bruit du tracteur, elle s'est précipitée( c'était elle la première) non pas dans la stabulation pour venir manger, non vers son veau et quand toutes les autres génisses sont passées tout droit pour aller manger du foin, elle est restée à coté du petit, tant qu'il a dormi. Vers 16 h 30, il s'est levé et a été téter, donc tout va bien . Et c'est ensuite, que tout doucement , elle l'a ramené dans le bâtiment pour qu'elle puisse manger du foin. Du coup, entre les deux, moi j'avais paillé un bon coup, une bonne litière comme cela si elle veut cette nuit, ce sera plus confort...C'est quand même beau l'instinct ! Dommage que ce ne soit pas enseigné à l’ENA.. Les règlements seraient plus adaptés…

Pourquoi je vous fait cette remarque ? Parce qu’à partir de maintenant, la magie du métier fait place à la rigueur administrative. Le veau, en l’occurrence une génisse, doit être identifié.. D’abord, dès demain matin, pour que tout contrôleur patenté puisse le reconnaître, je vais devoir lui mettre une boucle d’identification dans chaque oreille. Inutile de vous dire qu’on se fait bien voir par les bestiaux. Ainsi, il sera déclaré dans les 7 jours au livre départemental des bovins, et à partir de là toute sa vie, à chaque mouvement de vente ou autre, sera suivi ! A tout moment, on sait où il est en Europe. Cela s’appelle la traçabilité et ce sont des contraintes qui sont les conséquences de la crise de la vache folle. Je ne suis pas contre mais je regrette qu’au moment de l’abattage, dans beaucoup de cas, on ne garde pas cette identification et qu’on rompe cette traçabilité…au profit de ??? Enfin, d’ailleurs c’est plus subtile, on ne la rompt pas vraiment, on la rend illisible pour vous consommateur en donnant des numéros de lots mais en retirant les caractéristiques qui vous permettraient de connaître l’origine de la viande… Bien sûr, si vous insistez, peut être que le chef de rayon finira par vous donner l’endroit d’abattage mais après il faudra chercher…En fait, le système est géré pour la sécurité alimentaire, des spécialistes peuvent retrouver l’origine des animaux à partir d’une barquette mais il n’est pas fait pour vous informer de ce que vous achetez… Et nous, les éleveurs, ça on est pas d’accord ! Il nous semble que l’on pourrait respecter notre travail dont nous n’avons pas honte, mais business is business !

Une raison de regretter ces règlements trop lourds, c’est le manque de confiance que l’on nous fait …On en rajoute constamment… Croyez vous qu’il soit nécessaire de pondre des circulaires grosses comme des livres pour réglementer les bâtiments d’élevage et demain les méthodes de l’éleveur… Dans ma description de tout à l’heure, je cherchais à vous faire toucher à la magie de la transmission de la Vie, à sa fragilité aussi…Et çà , aucun livre ne peut donner les recettes, ni aucune loi… C’est l’observation, l’expérience qui font la différence et permettent la réussite. Toutes mes vaches ont un nom, mais je ne les connais plus car depuis 9 ans, ils ne sont plus reconnus. On a 10 chiffres, et comme il est admis que l’on a la capacité d’en retenir que 4, on a un numéro pour le travail. La vache 0021342759, Tchita de son vrai nom, allias 2759 a fait veau ce jour, le veau …

Vous ne trouvez pas que l’on a perdu un peu de poésie dans l’affaire, l’administration n’aime pas la poésie !
Je reviendrai sur ces sujets...papiers, contrôles, tous ce qu'il faut faire...

Allez je vous montre, cette petite..

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Commentaires
R
sourire, c'est rare, mais ce post m'a émue... Une naissance est toujours un moment fort, même lorsqu'il s'agit d'un animal, et j'ai toujours été émerveillée par l'instant maternel des vaches, si bien décrit ici... Et aussi, quelle force de vie ! Quelques minutes après la naissance, un animal marche et commence à vivre en autonomie... alors qu'un humain met au bas mot un an (même si pour le mien, ce fut 10 mois...) pour se tenir sur ses jambes...<br /> Oui comme toi, je regrette lorsque j'achète de la viande, à la boucherie, de ne pas pouvoir savoir de quel élevage elle vient... Alors, j'ai trouvé une autre solution, avec ici quelques agriculteurs qui vendent, directement au public, leur production... Je privilégie donc ce mode d'achat, même si cela complique un peu les choses, avec un passage par le congélateur obligatoire... et je n'achète quasiment plus de viande rouge (parce que je trouve qu'elle ne supporte pas bien le congélo), sauf quand mes ogres râlent trop fort entre deux livraisons...
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