J'avais 11 ans, objectif lune : j+3

Je n'ai pas de souvenirs précis de ce troisième jour ! Ils sont arrivés autour de la lune.  On le sait par la radio mais les images envoyées l'après midi aux USA arrivent enfin de soirée et pendant la nuit en Europe ! Du coup, on ne les regarde pas !

Entre décembre et juillet, il y eut deux missions ! Il y avait une compétition entre américains et russes, il fallait être les premiers ! Nous étions en pleine guerre froide... Si les américains agissaient au grand jour, personne n'était sûr que les russes, plus secrets, ne leur brûlent pas la politesse. Aujourd'hui, on connaît les forces en présence et cette course prête à sourire ! Mais à ce moment là, les russes sont très actifs également et il y a de l'intox ! D'où ce qui peut apparaître aujourd'hui comme de la précipitation côté outre atlantique ! Les missions sont de plus en plus rapprochées.

Apollo 9 d'abord pour tester le LEM; le module lunaire ! En mars, j'étais en pension et je n'ai pas pu la suivre autrement que par ce qui se disait entre nous ! Le vol resta en orbite terrestre et permis de vérifier que toutes les procédure de récupération, de désarrimage et de ré-arrimage ainsi que les fonctionnement du module étaient fiables !

Apollo10 en mai : Je n'ai qu'un souvenir diffus puisque j'étais encore en pension ! Je pense souvent à la frustration terrible qu'a du ressentir cet équipage : C'était la dernière répétition générale grandeur nature ! Imaginez vous approchant à moins de 15 km du sol lunaire sans pouvoir vous poser, alors que techniquement, vous avez tout le matériel pour le faire ! On ne peut que saluer le professionnalisme de ces casse-cou qui ont su résister à la tentation ! Être si près et ne pas se poser...

                  

Mais heureusement pour moi, la mission complète allait être lancée en juillet, pendant les vacances scolaires ! Ainsi, j'ai pu la suivre presque à mon grès, en direct. Si Apollo 10 ( elle aurait pu le faire ) s'était posée, je n'aurai pas ce souvenir si vif, si entier et qui chaque fois me donne de petits frissons dans le dos ! Car, à l'époque, un an après mai 68, l'étreinte de l'internat se desserrait bien un peu, mais on était loin d'avoir la liberté de suivre un tel événement en direct ! Il aurait fallu bouleverser les horaires de cours, ceux des études; impossible ! De plus, le lycée comptait plus de 100 internes "garçons" de la sixième à la terminale et ne possédait qu'une seule toute petite télévision ! Alors moi, pauvre sixième, je n'aurai sans doute pas vu grand chose !