Ainsi s'achève...
Ainsi, s'achève la saison de pâture
2009 ! La nuit dernière, il restait 54 animaux dehors. Ce soir,
il reste juste 2 taureaux !
La journée a été folle !
Dès 7 h 30, jusqu'à 19 h 30, j'ai été dehors sauf une demi-heure
pour manger à midi . Cela a commencé juste après le départ de Mme
PH une demi-heure plus tôt que d'habitude... Elle arrivera malgré
tout en retard, entre ce matin et ce soir, ce sont ses durées de
trajets journaliers les plus longs connus en plus de 20 ans sur le
même itinéraire... La nouveauté tient à ce que l'on ne déneige
plus les routes. Résultat: le département est bloqué depuis hier
soir... Bien sûr, comme toujours, on évoque un événement
climatique exceptionnel. Qui n'a d'exceptionnel que l'extraordinaire
complexité des prises de décisions pour décider de saler les
routes et d'un poil dans la main d'un certain nombre de personnes qui
trouvent là un bon prétexte pour rester sous la couette ...
J'imagine ce que donnerait mon boulot si les vétérinaires disaient
sur un ventre ou un vêlage difficile : "Après 8 heures du
matin !" Apparemment les saleuses sont au régime jour,
donc à cette saison, c'est court...
J'ai donc passé ma
journée dehors. Courir dans la neige est un exercice fatiguant... À
mon âge, est-ce encore raisonnable ? Pourtant... Le paradoxe
est que certains troupeaux n'avaient pas envie de rentrer. Il faut
dire qu'elles avaient du foin à volonté. Moi, je trouvais qu'elles
seraient mieux à l'abri avec une bonne litière de paille, elles n'
étaient pas toutes convaincues. Il a neigé toute la matinée,
j'avais les cheveux en permanence trempés. La faute au fichu bonnet
que je n'ai pas retrouvé. Par contre, j'avoue avoir porté les gants
quasi toute la journée. Ce soir, les mains restent douces. Cela
m'évitera quelques reproches plus tard, si je ne dors pas déjà.
Donc des kilomètres ! Eh oui, j'ai même ramené à
pied les animaux de la parcelle de l'autre côté du bois. 2.5 km
en comptant le fait d'aller les chercher au bout de la parcelle; Pour
l'anecdote, j'avais l'aide imprévue une partie de l'après-midi, de
PH fils puisque les transports scolaires faisaient relâche. Je lui
avais expliqué la manœuvre. C'est assez simple. les vaches sont
habituées au tracteur qui leur apporte journellement la nourriture.
Donc, pour traverser sur 1.5 km le bois, par un chemin qu'elles ne
connaissent pas, il leur faut un guide. "Tu roules devant, tu
verras, elles vont te suivre. Moi, je cours derrière, car il n'y a
pas de clôtures et il faut que je les pousse aux endroits où elles
peuvent être tentées de sortir du chemin. À ces endroits, tu
accélères et tu attends un peu plus loin qu'elles soient revenues
vers le tracteur..." C'est exactement ce qui s'est passé. Il
m'a fallu un quart d'heure pour les faire sortir de la parcelle. Puis
à chaque carrefour, j'ai du jouer de stratégie, car bien sûr,
elles étaient tentées par l'autre chemin. Le reste du temps, elles
ont suivi le tracteur, ce qui les rassure dans le bois qui est pour
elles un univers hostile. Et moi, je courrai derrière jouant de la
voix dès qu'elles étaient tentées par un écart ou hésitaient.
Au cours d'une journée comme cela, il y a toujours des
imprévus. Cela a commencé par mon frère que j'ai retrouvé en
train de dégager son chemin, une pelle à la main. 800 m à ce
régime, pas facile... Il était assez remonté, sa femme avait
failli se mettre au fossé. Je lui ai proposé de passer mon
chasse-neige maison. Il a refusé au début et m'a téléphoné une
heure plus tard, quand sa femme avait dû faire le km à pied sous la
neige pour remonter, laissant sa voiture au bord de la route. Je suis
donc parti avec ma botte de foin devant et j'ai dégagé le chemin.
Il était presque midi et j'ai croisé le chasse-neige de la commune
qui arrivait " Je suis un peu en retard, on dirait." Je
n'ai pas osé dire ce que je pense, c'est à dire demander s'il
connaît le mot "réveil "? J'ai simplement dit "
On en a marre de se faire houspiller par nos femmes comme quoi rien
n'est fait, donc on agit." Admettez que c'était plus
diplomatique... Je note juste qu'il a mis un peu de sel et qu'une
demi-heure plus tard, le chemin était très facile à rouler...
S'ils en avaient mis avant partout ? Mais il est vrai que je
n'ai pas bac + 8...
Mais j'étais inquiet à ce moment-là et
je n'avais pas envie de discuter. J'ai donc terminé le chemin et je
suis retourné voir la génisse. Hier soir, je l'avais trouvé un peu
gênée. Rien à la caméra cette nuit ! Rien à 8 h, mais une
poche à 10 h. Je l'ai isolée, mais au cours des 2 heures qui ont
suivi, elle ne forçait pas vraiment. La taille des pattes annonçait
un gros veau. Donc au retour de l'épisode chasse-neige, j'ai décidé
d'agir. Quand j'ai percé la poche des pattes, elle s'est remise à
pousser. J'ai passé les sangles, un peu inquiet, car il n'est pas
très bon pour un veau de trop attendre. Il bougeait bien, mais me
paraissait vraiment gros. J'ai tout de même pu l'allonger à la main
et j'ai mis la vêleuse. Il a fallu 10 bonnes minutes pour faire
passer la tête... C'est long, mais je n'avais pas le choix. Ensuite
toujours un vêlage technique, prendre le temps de le faire souffler
au thorax puis reprendre en suivant les contractions sans forcer.
Finalement, cela s'est bien passé et ce soir, je lui ai appris à
téter. Comme il est très dru et je ne devrais plus avoir à le
faire téter...
Il m'a fallu mettre du foin partout ce soir,
puis pailler. C'est pour cela que j'ai fini si tard, sans arrêt
intermédiaire, les pieds gelés du matin au soir. Une bonne douche,
un bon dîner et une fois ce billet publié, direct au lit ! Mon seul
souhait est qu'il n'y ait pas de vêlage ce soir ou cette nuit, car
physiquement, cela serait juste...