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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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18 février 2011

A chaque jour...

Un billet rapide ce soir ! Alors que j'ai le sentiment ( je pense que c'est la fatigue) que la galère continuait hier avec un veau dont le cordon s'est remis à saigner trois heures après la naissance, mon départ fut retardé en fin de cette matinée par le vêlage d'une des deux dernières génisses....

Rien à 6 h, rien à 8 h ! Mais quand je termine de curer le trottoir de la stabulation vers 9 h30, j'aperçois le bout de deux onglons ... Depuis deux ou trois jours, je surveillais cette génisse qui se préparait. Cette montée rapide me mit en confiance. Je me dis que j'allais attendre pour intervenir, pour bien laisser la mère se dilater. C'est dur de vaquer aux autres occupations sans se faire du soucis pour une génisse qui vêle. Inutile de vous dire  que je m'organisais pour passer et repasser sans cesse devant la case. Une botte ci, une botte là, le temps qu'elle travaille un maximum. Au bout d' un moment, la tête du veau déforme la vulve ! Cette fois, il faut que j'aille lui donner un coup de main ! Le temps de récupérer le sceau d'eau et la vêleuse, le veau est à moitié sorti... Je m'avance en prenant soin de ne pas affoler la mère qui est couchée, ce qui n'est pas facile avec un sceau et la vêleuse dans les mains. Près d'elle, je lui parle très doucement et passe une sangle car je devine que son inquiétude va la pousser à se lever. Le veau respire déjà  et ne risque rien. Il est difficile de tenir efficacement les pattes gluantes de liquide amniotique fait pour faire glisser le veau dans le bassin ! Je n'ai pas le temps de passer le second lien mais je trouve assez de prise avec le premier pour tirer de tout mon poids au moment où la mère se relève. Un grand flop accompagne le passage du train arrière qui se dégage du bassin maternel . Instantanément, je me retire un peu pour que la mère surprise ne se sauve pas, et jette un brin d'eau par acquis de conscience sur la tête du bébé pour finir de le réveiller. J'attrape la vêleuse posée plus loin et je déménage pour que l'instinct maternel  puisse s'extérioriser.

Un instant hésitante sur la conduite à tenir, la mère se retourne enfin pour voir ce qui se passe derrière elle. Il y a à peine 30 secondes qu'elle s'est relevée. Je lis dans sa démarche sa surprise de voir une masse blanche, gluante, gisant à l'emplacement de son train arrière posé là la minute précédente. Curieuse et inquiète, elle avance doucement le mufle pour renifler. Le veau bouge ce qui la surprend et la fait se reculer. Mais l'odeur doit jouer un rôle majeur qui l'attire à nouveau . Timidement pour ne pas dire tendrement, elle se rapproche à nouveau ne se laissant plus surprendre par les mouvements désordonnés du veau qui cherche encore à évacuer les derniers restes liquides qui encombrent ses bronches. La magie opère d'un seul coup. Premier coup de langue tout en douceur au nouveau né, bientôt suivis d'autres de plus en plus affirmés et vigoureux. Dès ce moment là, je sais que le bébé est adopté et que dorénavant, le couple est formé jusqu'au sevrage. Je vais ranger le matériel et je reviens avec le désinfectant pour le cordon. Je peux intervenir, cela ne brisera plus le couple. Je tire le veau dans la case propre, la mère suit sans s'inquiéter de se retrouver seule. Je désinfecte et je ressors vite pour les laisser tranquilles.

Il y a des jours difficiles, il y en a d'autres où la nature fait très bien les choses. C'est le cas cette fois. J'ai le cœur léger pour terminer le pansage avant de partir avec une heure de retard à ma réunion. De retour trois heures après, je suis surpris de trouver un veau tellement léché qu'il est encore mouillé. Elle l'aime trop...

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Commentaires
N
Merci bcp pour ce joli moment de tendresse partagé. Ca fait chaud au coeur.
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R
Délicieuse histoire, PH. Me voilà d'humeur tendre pour la journée.
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B
Quel beau billet !
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A
J'aime ce billet amour! Heureuse vache qui vêle chez toi...
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J
oon sait François, hélas ! internet regorge de vidéos à faire hurler sur l' élevage " industriel ", c' est pourquoi j' aime tant lire PH ! au moins lui est sensible et parle avec son coeur, ce texte est très tendre et émouvant.<br /> quant à l' agriculture de demain, qu' en restera-t-il en France ? j' ai vu hier l' émission sur France 4, je n' ai rien appris, mais voir TOUS les interviewés se mettre à pleurer devant la caméra, ça en dit long. mais ce n' est pas le post pour en parler, ne cassons pas la magie de ce sujet :)
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