Pour nos campagnes, « les ennuis, ça vole en escadrilles » !!!
Après la poste, voici que le service de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR), issu d'un hôpital installé depuis les années post révolution dans notre commune est sur la sellette. La méthode pour justifier des décisions est toujours la même ! Selon notre maire, on a donc commandé un audit conduit par des « spécialistes » fin août. La conclusion est connue d’avance, un simple copier/coller sur d’autres situations. Ainsi en deux mois, on peut annoncer la fermeture du service ! Simple comme bonjour. Tout le monde est mis devant le fait accompli. C’est la méthode « énarque ». A aucun moment on ne pense aux malades qu’on déracine, aux familles qui vont devoir se déplacer, ni aux conséquences sur les territoires… Celui qui a écrit « vous mettez un technocrate pour gérer le désert, 5 ans après il faut racheter du sable » ne croyait pas si bien dire. C’est affligeant d’incompétence, de froideur et d’inhumanité au regard des besoins des citoyens !
La méthode se reproduit à l’infini. On a investi 5 millions d’euros dans notre EHPAD après des années de suppliques et c’est une très bonne chose. Mais on a oublié les cuisines, volontairement ou pas ? Le truc est simple, on change les normes tous les sans-cesses et du coup, un beau jour, on annonce qu’elles ne sont plus conformes. Le choix se fait alors entre les refaire complétement ou les fermer, sans envisager les aménagements minimums indispensables (la hotte dans ce cas). Devinez la solution choisie, la seconde bien-sûr ! Résultat, les repas font 40 kms pour venir d’une cuisine centrale d’Autun !!! Nos anciens et les malades du SSR mangent du réchauffé tous les jours. Pourtant, la cuisine est le seul plaisir qui reste à beaucoup. La qualité d’avant la fermeture était très appréciée et contribuait à la notoriété de l’EHPAD. Pour une ou un énarque, seule la rentabilité financière compte et pas question de prendre le moindre risque en adaptant, même légèrement, les règles parisiennes faites pour de très grands établissements, profil de carrière oblige. On sait également dans le monde agricole ce que vaut la nourriture sélectionnée sur appel d’offre…
Je précise que le service SSR a très bonne presse dans notre population. Il n’a aucun problème de recrutement ! Ma maman en phase terminale d’une longue maladie n’a pas eu de place et elle a été mutée à 35 kms, loin de routes faciles pour aller la voir, donc autant de temps de visite perdu !!! Je sais donc de quoi je parle quand je dis qu’on éloigne les familles, sans aucune compassion, à des moments sensibles de la vie ! Seul l’aspect financier à court terme est pris en compte, enfin celui de l’établissement, pas celui des familles…
Je pensais naïvement que la crise COVID avait démontré l’incompétence de la technocratie gérant la santé dans notre pays. Je pense aux masques bien sûr, le summum de l’incurie des responsables de la santé. Je pense aussi aux débuts catastrophiques de la vaccination qui fort heureusement ont été rattrapés grâce aux conseils prodigués par un cabinet international appelé en secours par notre président de la république ! On aurait pu s’attendre à un brin de remise en cause des administrations et surtout un peu de modestie en prenant un peu de recul vis à vis des lignes directrices antérieures. Que nenni, le mode de décision reste le même comme si de rien n’était ! En 20 ans, les conseils d’administration, décideurs dans les hôpitaux ont été transformés en conseils de surveillance sans aucun pouvoir. Celui-ci est ainsi passé des mains des maires et des médecins à celles de technocrates ! L’Administration a pris le pas sur les politiques, sauf peut-être au plus haut niveau et encore ? Centralisation, regroupement donnent le pouvoir à des directeurs directement sous la coupe des ARS ! On assiste à une pyramide décisionnelle uniquement descendante. Cela contribue à la défiance de certains citoyens qui remettent en cause le schéma global en bloc, même quand une mesure est bénéfique, comme l’est la vaccination !
Donc pour en revenir à notre commune, on ferme !!!! Trop petit ? L’expérience COVID n’a servi à rien ! En élevage, on sait que la densité de population est un facteur majeur de propagation des maladies virales. Il est plus facile de gérer une épidémie dans des structures de petite taille que dans des mastodontes ! Malheureusement, cela s’est confirmé dans les grands hôpitaux au moment du covid qui est devenu la première maladie nosocomiale alors qu’elle était contenue dans notre petite structure pour le premier confinement (mon mandat électif s’est arrêté à ce moment-là, je ne sais pas ensuite). On a eu des exemples ici, avec l’hôpital de Montceau dont le directeur a été viré suite à cela… Donc l’argument de la taille est un contre-sens si on prend en compte les risques sanitaires.
Autres remarques sur le fonctionnement avec le personnel médical. On a coupé le département en 2 « groupements » nord et sud. C’est la direction des deux hôpitaux de Chalon et Mâcon qui gère chacune directement toutes les structures de leur zone. Donc ? Avec le temps, on ramène tout sur Mâcon et Chalon qui ont des difficultés financières, pour justifier plus de services donc de dotations. On a fermé les blocs opératoires d’établissements plus petits, on a transféré Mardor à Chalon… A chaque fois la même logique, « Les normes et puis vous aurez tout sur place ! » C’est sûr, c’est bien pour le grand Chalon, 65000 habitants, c’est moins bien pour les 150000 habitants au moins de la CUCM et de la CCGA qui sont au mieux à 30 minutes de Chalon pour les plus proches et 1h30 pour les plus éloignés. « On a un hélicoptère ! », tu parles ! Il ne vole pas par brouillard et vous l’imaginez sollicité pour tout le monde ? Il est d’abord utile pour les accidents…
Reste le vrai problème de l’attractivité de notre territoire pour les médecins. Quand on offre des postes d’internes en campagne, certains jeunes découvrent la qualité de vie de nos campagnes. Mais si on ne leur permet pas de faire cette expérience, c’est sûr qu’ils resteront en ville, du moins avant d’avoir des enfants. Il est pratiquement impossible de changer ensuite. J’entends toutefois l’argument. Je pensais qu’avec le groupement évoqué, on pourrait trouver une solution à cela. On le voit dans beaucoup de secteurs, le numérique permet un travail en réseau, voir le télétravail. J’imaginais donc qu’un médecin pourrait répondre à distance à toutes les questions 24h sur 24h (à tour de rôle) pour les EHPAD, SSR et autres services de non urgence. Sachant que dès qu’il y a problème, il y a transfert aux urgences, même s’il y a un médecin sur place ! Donc en harmonisant les dossiers et autres méthodes, voir en utilisant demain les consultations à distance, on peut parfaitement envisager un fonctionnement novateur et efficace, délocalisé des grands centres. Mais nos technocrates n’ont pas d’imagination, ni le sens de l’anticipation (masques) donc on reste sur le schéma du tout regrouper pour tenter de tout contrôler ! C’est exaspérant de non-sens ! J’ajoute à ce volet qu’à force d’opposer médecine de ville et médecine hospitalière, on accentue les problèmes. Voisin du SSR, il y a la maison médicale. Les deux ne pourraient elles pas être partenaires comme jusqu’à il y a peu ?
J’image des audits prenant en compte tous les enjeux, les coûts de transport, pas seulement celui des malades, le coût affectif du déracinement et de l’éloignement de ses proches, le coût social de la paupérisation de nos territoires que l’on vide volontairement des emplois de service... La COVID a remis en cause la vie citadine chez beaucoup de citoyens. L’accès à des plaisirs simples non marchands, le besoin de nature, la convivialité d’un village ont le vent en poupe… Oui, on est en retard sur les équipements en fibre numérique mais on est plutôt en avance sur la solidarité, la vie sociale, la sécurité, la qualité de l’air… Et à égalité pour la culture ! On peut donc imaginer que conforter les services publics ruraux qui nous restent irait dans le sens des demandes croissantes des citoyens.
Mais notre haute administration a bloqué son compteur sur un modèle de société dépassé et rien n’y fait, même si cela va à l’encontre des aspirations des citoyens. Qu’importent celles-ci, eux seuls savent ce qui est bon pour nous ! D’autres sujets le confirment, cela ne pourrait-il pas expliquer le désintérêt des électeurs ces dernières années ou la tendance destructrice de vouloir basculer vers les extrêmes pour se faire entendre ? Car même quand on est politiquement modéré, force est de constater que les actes vont à l’inverse des discours…