Pourquoi se dépêcher 2 ?
La seconde raison est simple !
En récoltant le plus tôt possible, on peut profiter des pluies d'avant sécheresse estivale pour obtenir une repousse. Dans un système poussé, on peut faire une récolte en ensilage puis un foin en juillet et bénéficier de repousses à pâturer à l'automne ! Avec mon parcours moins agressif, je ne recherche pas le regain d' Août, possible les années d'été pourri mais une repousse à pâturer dès le début de la période de sécheresse pour prolonger le plus possible la production de lait des mères, lait qui sert uniquement à allaitement des veaux... J'essaye donc de différer la chute quasi inévitable qui se produit en plein été.... Car même, si les vaches retrouvent un peu de lait à l'automne, leur production restera toujours en retrait par rapport à ce qu'elle serait une année sans sécheresse où les animaux ne manqueraient jamais d'herbe fraîche... Donc, en été, les veaux profitent moins. et je suis obligé de les compléter plus tôt avec des céréales de la ferme auxquelles j'adjoins des tourteaux de lin et soja ! En bref, mieux je gère l'herbe, plus la ferme est autonome donc moins je suis fragilisé par les fluctuations du prix des aliments ! Voilà pourquoi il y a un vrai enjeu à ce que les foins se fassent le plus vite possible dès qu'ils sont à l'équilibre décrit hier.
Bien que je l'ai déjà décrit une année précédente, je narrerai sur une journée de foin dans ma jeunesse. Cela n'a rien à voir avec maintenant et très sincèrement, même si c'était "le bon temps", je ne reviendrais pour rien au monde en arrière... Vous comprendrez pourquoi... Le danger actuel tient plus à la surenchère possible dans la taille du matériel nécessaire... A chaque renouvellement, il faut rester raisonnable par rapport à son propre chantier et ne pas se laisser tenter par les commerciaux qui sont prêts à vendre ce qu'ils ont de plus gros donc de plus cher... Il n'est pas aussi facile que cela de cerner les besoins propres. En même temps, il ne serait être question de ne pas profiter des progrès qui permettent d'aller plus vite pour toutes les raisons invoquées. Vu de l'extérieur, la critique est facile mais les choix sont difficiles ! Il faut une chaîne cohérente c'est à dire qu'il faut que tous les engins permettent de respecter un débit de chantier identique de l'un à l'autre. Personnellement, ma chaine est conçue pour que les foins puissent se faire sur une dizaine de jours de beau temps, donc avec les journées de pluie, cela fait 3 semaines en moyenne. Mais il est vrai que si le temps avait été sûr 3 jours de plus, j'aurai tout fait et donc terminé en 10 jours ! Sauf qu'une prévision de 10 jours de beau temps de suite , garantie à 100 % par les météorologues n'existe pas encore... Il faut donc composer et avoir un matériel assez performant sinon c'est la productivité de la ferme qui est en jeu. J'ajoute pour compliquer le tout qu'un matériel plus gros s'il est bien entretenu , dure plus longtemps donc ne revient pas plus cher au final ! A condition de ne pas devoir tout emprunter pour son acquisition. Décidément, l'argent reste toujours le nerf de la guerre...
Pour en revenir aux repousses, j'ai fait des heureuses en ouvrant la parcelle le long du chemin en fin de semaine dernière... Voici donc la preuve de ce que j'avance ! L'état des vaches est exceptionnel. Elles ne peuvent pas aborder l'été et son manque d'herbe de meilleure façon ! La preuve en image :
Ouverture de la barrière au retour du pressage à la tombée de la nuit :
Le lendemain matin, elles hésitent entre rejoindre les auges habituelles et le risque de retrouver la barrière fermée à leur retour. Du coup, elles restent couchées en gardant un œil sur l'accès à la parcelle...( A droite, sous l'arbre !)
La soirée suivante, elles sont bien installées !
Elles sont au maximum de leur poids bien qu'elles allaitent :
On voit tous les muscles...
Repues, elles se déplacent lentement...
Je peux dire que j'ai rendu mes vaches heureuses !
Donc je suis heureux de les voir ainsi !
Je n'ai pas parlé, volontairement, des risques liés aux événements climatiques. Il est vrai qu'un orage peut détruire une récolte ou coucher les foins qui peuvent pourrir sur pied... Cette crainte est permanente et toujours présente dans l'esprit des paysans. Mais on ne peut pas envisager des investissements, ni des pratiques en fonction de ce critère qui reste aléatoire et impossible de toute façon à anticiper réellement . Même avec la technique et suréquipé, nous restons très petits face à dame nature !