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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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25 octobre 2010

Quelles attentes par rapport aux semenciers ?

Voir le prix des semences doubler en 12 ans ne peut que conduire à revenir aux semences fermières. Les semenciers se plaignent de ce droit de ressemer des paysans. On estime que les semis de semences fermières concernent la moitié des surfaces semées en blé en France ! Pourtant, la France est le pays qui semble employer le plus de semences certifiées.

 

Régulièrement il y a de grands débats sur le sujet, certains n’hésitent pas à proposer l’interdiction pure et simple du droit à ressemer ! On évoque la propriété intellectuelle que constitue la mise au point d’une variété nouvelle, la propriété scientifique, j’en passe et des meilleures. Le rêve des quelques énormes groupes financiers qui gèrent le recherche en la matière serait de pouvoir vendre une semence stérile, c'est-à-dire une semence qui ne puisse pas se ressemer. Monsanto en croyant répondre à des arguments techniques générés par la crainte de diffusion de caractères modifiés sur l’ADN ( variétés OGM) annonça la stérilité des variétés concernées. Je pense que le plupart des paysans y ont vu ce qui m’est apparu comme une atteinte à notre droit de cultiver ! D’autres essayent de faire mettre en place des taxes sur les semences fermières qui soient partagées ensuite entre ces grands groupes au motif de financer la recherche. En parallèle, une législation incroyablement complexe est mise en place pour rendre impossible l’inscription au « catalogue » des variétés sans d’énormes moyens financiers. Au passage, on en a  profité pour éliminer toutes les variétés historiques dans presque toutes les productions, en particulier maraîchères. En parallèle, pour utiliser le plus de l’effet d’hétérosis donné par la nature grâce au croisement de deux variétés pures, on crée des hybrides qui n’ont d’intérêt qu’à la première utilisation, donc qui nécessitent d’acheter chaque année la semence….

 

Vous l’avez compris, l’enjeu n’est plus seulement technique mais de plus en plus financier. Comment tirer des royalties sur chaque hectare semé ? On invente donc toujours de nouvelles variétés, toujours plus productives. En soi, cela peut paraître un plus, sauf que…

        bl_

Je me suis interrogé, en préparant un débat l’année dernière avec la population locale en vue de justifier nos pratiques, sur mes objectifs de culture. Les sols de la ferme ne permettent pas d’envisager des rendements record. La moyenne nationale doit se situer aux alentours de 70 à 75 qx / ha. Le raisonnable ici est d’avoir un objectif de 55 Qx ! Si je me compare au rendement d’un céréalier picard qui lui cherche les 100 qx, je suis minable et ferai mieux de laisser la charrue aux orties. C’est ce qu’ont fait bon nombre de mes collègues… Mais si j’intègre mon objectif dans l’ensemble de la production de la ferme, avec la paille pour les stabulations et le grain pour nourrir les bestiaux, la donne change. Je le vérifie chaque année : Si je devais racheter tout ce que je produis même avec mes rendements minables, ma marge serait bien moindre, même si mon centre de gestion continue de m’affirmer le contraire par une présentation tronquée des chiffres comparant les fermes, entre celles qui sèment encore et celles qui sont tout herbe. (Je vous montrerai). Je crois, plus que jamais, qu’il faut trouver le point d’équilibre de chaque ferme pour qu’elle soit d’abord le plus autonome possible au moins sur toute la partie élevage de la naissance à l’entrée en finition. C’est plus complexe pour la production de lait et la finition des animaux. Mais pour que cette marge soit bonne, il faut que je m’assigne une conduite de culture raisonnable en fonction de cet objectif de rendement. Je n’ai donc pas intérêt à voir arriver de nouvelles variétés plus productives mais plutôt de nouvelles variétés plus économes en intrants. Je m’explique. Ne pouvant de toute façon pas utiliser un potentiel génétique élevé, je suis plutôt demandeur de variétés qui produisent le rendement recherché en valorisant mieux l’azote dont les apports sont limités. Je préférerai des variétés résistantes naturellement aux maladies plutôt que des variétés toujours plus productives à condition de mettre de plus en plus de produits. L’essentiel n’est pas un rendement maximum mais un rendement aussi sûr que possible avec le moins de frais possibles. Je rêve donc de variétés nouvelles plus rustiques ! Bref, l’envers de ce qui est proposé aujourd’hui en terme de nouveautés…

      triticale

J’ai lu trop tard après les semis, dans le journal agricole départemental, une technique nouvelle que j’aurai bien aimé essayer cette année. Nous avons pris l’habitude de semer une variété de blé par parcelle culturale. Pour mieux lutter contre les maladies en particulier, on pourrait semer entre 3 et 5 variétés mélangées sur la même parcelle. Il semblerait, cela reste expérimental, que la résistance naturelle à une attaque de maladie soit plus efficace sur ces parcelles. En effet, aucune variété n’est capable aujourd’hui de résister à toutes les maladies. Mais une variété peut être plus résistante qu’une autre à une maladie précise. Or, si j’ai bien compris, la présence de variétés plus résistantes protège les plus sensibles de cette maladie. Un peu comme la vaccination partielle d’une population d’animaux joue sur le développement d’une maladie. Celle-ci ne protège pas totalement mais freine très sérieusement son développement. Entouré de sujets vaccinés, le risque d’être contaminé est moindre. Bien sûr cette nouvelle technique a ses détracteurs et ses supporters. J’avoue que l’argumentation est solide même si je sais que la chance pourrait me permettre de faire mieux une année sans attaques, en tombant sur la bonne variété pour la bonne année climatique! En fait, on est toujours dans ce débat entre assurer un rendement optimum ou viser un maximum… De plus, il n’est pas aussi simple de choisir des variétés complémentaires. Il faut qu’elles soient toutes mûres en même temps, qu’elles aient bien des résistances croisées…

 

J’ai néanmoins changé de stratégie cette année sur la ferme ! Le triticale est plus rustique que le blé, il donne plus de paille. Par contre, il était plus sensible à la verse que blé ou orge ! De nouvelles variétés n'ont plus ce défaut. Ayant maintenant l’assurance de ne pas l’envoyer systématiquement par terre comme il y a quelques années, je peux augmenter les surfaces. Très rustique, le triticale se sort bien de l’absence de traitements. Il semble qu’il est moins besoin d’azote. Je vais donc tenter un assolement blé, triticale, triticale et ainsi de suite...

 

Pour en revenir aux semences, j’ajoute que tout est hyper contrôlé. La réglementation est très stricte en terme de commerce.  Il est sans doute normal que l’on soit sûr de ce que l’on achète. Ainsi, des sacs étaient troués cette année...

              contr_les

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Commentaires
D
A noter, une initiative parlementaire qui ne fera pas que des heureux parmi les usagers des semences de ferme, la proposition de loi sur les certificats d'obtention végétale déposé par Christian DEMUYNCK ( http://www.senat.fr/leg/ppl09-720.html ) qui sera examiné le 29 juin au Sénat en première lecture.<br /> Elle va obliger les usagers des semences de ferme à payer une "juste rémunération" aux obtenteurs, ce qui va se traduire par d'importants flux financiers (plusieurs dizaines de millions d'euros) des agriculteurs vers les semenciers...
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P
Je ne pensais pas que le sujet susciterait autant de passion ! <br /> Gaëlle : Toute entreprise économique rêve d'un marché captif et obligatoire. Où s'arrête la propriété intellectuelle en matière de génétique animale et végétale ? Je connais un exemple de conflit pour un gêne animal : le caractère sans cornes chez les bovins !<br /> François : L'autonomie des exploitations ou plutôt la liberté de choix pour une gestion responsable, voilà ce que je veux défendre ! Je ne réfute pas la qualité des semences certifiées, mais au regard de l'évolution des prix, je veux garder la possibilité de faire autrement pour ne pas toujours subir...<br /> Champ : Je pense que le sujet est encore plus important dans les pays en voie de développement ! Je ne sais pas s'il y a eu réellement beaucoup de suicides, mais je sais que l'accès à des variétés adaptées aux besoins locaux à un coût en rapport avec les récoltes réelles, est un enjeu majeur. Un professeur nous expliquait un jour que permettre de gagner 2 QX dans une majorité de pays était plus important pour lutter contre la faim dans le monde que la course aux quintaux dans les pays tempérés... Il ajoutait qu'il n'y avait "gain" que si les semences étaient disponibles à un prix inférieur aux deux quintaux gagnés ! Du bon sens paysan tout simplement !!!<br /> Ptitnenel : Ces remarques sont intéressantes ! Mais ici, les sols n'ont pas une grande valeur agronomique. Les expériences des uns et des autres n'ont pas été concluantes! Mais il faut peut être que l'on retente en cherchant les bonnes variétés ou les bonnes cultures... Pour sourire, comment déclare t'on à la PAC des mélanges comme ceux-ci ? <br /> Isa : Si j'alimente des discussions à la maison... sourire mais j'en suis heureux et j'aime beaucoup ton blog. Je pense que les agriculteurs sont à nouveau à une croisée des chemins ! Prendre du recul me parait indispensable, cela ne veut pas dire que tout est à changer mais qu'il faut redevenir un peu plus maître du jeu et responsables !<br /> Clo: Toujours ce problème de propriété dans la nature. Oui, c'est une question de fond ! <br /> Yanick : Trop de citoyens n'ont pas conscience de l'importance de leurs choix ! Et pas seulement dans l'agriculture... Certaines délocalisations auraient sans doute pu être évitées si les consommateurs avaient su ou n'avaient pas succombé au prix le moins cher...<br /> Rosana : Pour les hybrides, oui, il est obligé. Je remarque qu'il en va de même de plus en plus pour les graines potagères...<br /> Diclorodi... J'ai souris en lisant le pseudo ! Plus sérieusement, mon père m'a raconté tout ce qui se passait pour les semences en terme de fraude. C'est pour cela qu'il employait des semences certifiées pour renouveler les semences plutôt que d'échanger avec des voisins ! Merci pour le lien vers la thèse : Cette dame a raison, certains savent toujours mieux tirer profit des législations que d'autres... Le problèmes est qu'en bout de chaine, on a du mal à lutter à armes égales. J'ai noté que dans les réunions de présentation de l'étude, l'autonomie des exploitations était le sujet de préoccupation n°1 !<br /> Songho : Le temps de la fin des études de Mme PH, j'ai bossé dans une boite d'agro-alimentaire. Au service gestion, on calculait des marges tous les mois... Un jour, je ai posé la question à mon patron de savoir pourquoi il gardait une société qui perdait de l'argent... En trois minutes, j'ai compris l'énormité de ma question : il fallait voir le processus de traitement dans sa globalité ! En fait, il m'a expliqué comment ses concurrents avaient coulé en scindant les activités ! En voulant garder que les fortes valeurs ajoutées, ils avaient brisé l'équilibre global ! Je n'ai jamais oublié la leçon même si rien n'est comparable entre une industrie et une ferme ! Mais c'est vrai que depuis, des modèles économiques arrivent à externationaliser toutes les activités les moins rentables... Cela se traduit à terme par la délocalisation et la rupture de l'équilibre globale de l'économie générale dans les pays comme le notre! <br /> Joellebarn : Je n'ai rien à ajouter. Je crois qu'il faut conserver des organismes de recherche publics comme l'INRA pour mettre au point des variétés pour qu'une partie du marché reste "collectif" au bon sens du terme ! <br /> Den: C'est pourquoi il faut se poser la question des hybrides !!! Et mesurer les risques à ce qu'ils deviennent des variétés exclusives ! Pour le maïs, on n'a pas le choix ! Pour les céréales à paille, il faut être conscient du potentiel réel de ces variétés sur une ferme, y compris en marge de gestion, avant de choisir !<br /> Jardi85 : Convaincu donc du mélange ! L'année prochaine, je teste. Pour les mélanges, même réponse qu'à ptitnenel . On a besoin des expériences des uns et des autres, en restant objectif sur les résultats !<br /> Marie Morgane : j'ai lu vos billets ! Le débat général est bien posé ! Je reste modestement au niveau de mes réflexions sur la ferme ! C'est un angle plus restreint de vue mais complémentaire !
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M
Bonsoir, <br /> <br /> J'ai lu avec grand intérêt votre article, ayant moi-même travaillé sur le sujet pour mon blog: les semences en trois épisodes sur http://delicesetdecadence.blog.lemonde.fr.<br /> Je ne suis moi-même pas paysanne, c'est pourquoi le témoignages de personnes directement confrontées aux problématiques que j'ai pu développer, c'est passionnant!
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J
J'ai commencer cette année le mélange de variétée de blé ....pour le poursuivre sur toute la surface l'année prochaine . Je ne suis pas en bio ;mai pour rejoindre les propos de ptitnenel je sème aussi un mélange de pois féverole d'hiver que je récolte en grain pour les animaux ....ça fait un petit rendement mai souvent juste ma semence fermière en intrant ....et comparer a la valeur alimentaire d'un aliment achetter c'est la que ça devient interessent .<br /> Je passe pas souvent mai j'aprecit toujours la lecture de vos billets.
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D
Cependant pour resemer ses propres graines récoltées précédemment, il y a une condition,il faut que la variété soit stable, fixée. Ce qui n'est pas possible avec des F1 ou F2...<br /> Sinon, on cours le risque d'avoir un mélange d'anciens parents de ces hybrides. Ce qui n'est pas gênant pour une consommation personnelle, mais peut l'être pour une vente publique. Non?
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