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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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2 juillet 2011

Pire qu'en 2003, comme en 1976...Inutiles ?

Les foins sont terminés ! Les moissons vont suivre... Déjà, je peux tirer un premier bilan d'une situation qui devient de plus en plus catastrophique. Il y a beaucoup de pudeur chez les éleveurs, abattus comme je ne les jamais vu. Ils se taisent en public comme assommés par ce qui nous arrive. Les langues se délient lorsque l'on se retrouve entre nous !

Le premier sentiment qui émerge est le sentiment d'abandon ! Avec tambours et trompettes, les dirigeants du pays ont fait croire à la prise de mesures exceptionnelles ! Celui qui se prend pour le grand chef de la profession a même donné sa bénédiction ! E-coli, otages, remaniement ministériel, DSK,.. l'actualité a repris sa folle valse ! Il ne pleut pas, très bonne chose à l'heure des départs en vacances. Mais dans les fermes, la réalité est toute autre. Chacun surveille les points d'eau qui menacent de tarir bientôt ! Comment faudra t' il organiser les troupeaux alors ? Et chacun compte les bottes ! Et là, l'ampleur de la catastrophe apparaît, simple comme le sont les chiffres :

               bilan-foins

Est il besoin de commentaires ? Il me faut 500 bottes pour passer l'hiver et combien pour nourrir jusqu'à l'hiver ? Je vous montrerai l'ampleur du problème un jour prochain... C'est la plus faible récolte depuis 1976, sauf que j'ai deux fois plus d'animaux que mon père en avait à l'époque !

J'ai repris deux parcelles pour vous montrer ce que représente les aléas de dame nature... D'abord celle qui sert de témoin de l'exploitation, une parcelle dans la zone de captage des eaux du village qui ne reçoit aucune fumure, aucun engrais et qui est simplement fauché une fois par an :

                      reux

C'est donc ce que donne Dame nature sans intervention humaine ! A l'opposé, voici le grenier de la ferme, sans doute la meilleure parcelle, conduite à peu près toujours de la même façon avec engrais ou compost, pâture des animaux...

                           bilan-gorneille

En 2003, elle avait été déprimée, cette année à peine. Et pourtant, le résultat est le même... L'intervention de l'homme ne peut compenser les excès de dame nature. Froid au printemps, pas de pluie, la fertilisation sert à rien.

                    gorneille

Je suis donc démuni. Il ne reste qu'à acheter le manque qui est énorme. Mais pour cela, il faut de l'argent, beaucoup cette année ! Et aucune aide n'est certaine, aucun montant annoncé... "Allez à la banque !" Même les banquiers sont  réservés face aux montants qu'il va falloir avancer. Alors chacun se demande, seul chez lui, si tout cela vaut la peine de se battre ! 20 fois j'ai entendu cette réflexion depuis plusieurs jours dans l'intimité des rencontres avec des paysans " Ils feraient mieux de nous dire clairement qu'ils n'ont plus besoin de nous ! "

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Commentaires
R
PH, j'ai 45 ans et je pense qu'il y a 30 ans, voire 35 ans que l'abattoir d'Eymoutiers est sur la sellette, source de projets, plus ou moins fumeux... plus ou moins coûteux... et je sais de quoi je parle puisque nous avons, dans mon autre vie, participé à ces travaux !! Les habitants d'Eymoutiers doivent encore continuer à payer pour le désastre financier que cet abattoir a entraîné pour la commune. Bref !<br /> Je suis assez d'accord avec toi lorsque tu dis qu'il faudra une génération pour changer les mentalités... Il ne non plus pas perdre de vue une chose. C'est qu'au rythme où les choses vont, de moins en moins de français sont en mesure de se payer de la viande de qualité à chaque repas... alors les L*ader Pr*ce, les a*di et autres, avec leur kilo de viande bien souvent inférieur à 10 euros ont de beaux jours devant eux...<br /> Je ne suis pas optimiste, mais ça, sourire, tu le savais déjà... Ici, les agric' sont de plus en plus désespérés aussi... et je crains l'automne, moi...<br /> Un amical salut à la PH Family.
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F
J'ai découvert votre blog par celui du Gaec des Supeyres, et je trouve très intéressant ce que j'y lis. Je suis moi même issu du milieu agricole, et j'ai décidé de faire mes études dans ce milieu (je suis de la Loire, exploitation de 60 ha avec des Salers et quelques laitières pour des veaux de boucherie). Autant dire que je connais bien les difficultés de ce métier, mais pour autant je ne ferai rien d'autre au monde. Ce que j'apprécie le plus sur votre blog, outre vos nombreux articles sur l'actualité agricole (qui permettent aux personnes "extérieures de mieux comprendre cette profession)c'est votre envie de communiquer, de faire "passer un message" et je trouve que cela est essentiel, le manque de communication dans l'agriculture a creusé un fossé énorme entre les paysans et le reste de la population. Merci donc, de nous faire partager ce si beau métier et de le faire connaitre à un plus grand nombre de personne. <br /> (j'aime aussi beaucoup les billets concernant votre région, vos lectures, vos sorties : comme quoi un agriculteur ne pense pas seulement à son exploitation)<br /> Amicalement
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J
Vous avez peut-être écouté :<br /> <br /> http://terreaterre.ww7.be/konrad-schreiber-agronome-et-michel-lucas-agriculteur.html<br /> <br /> Voir aussi :<br /> http://www.entraid.com/vie-des-cuma/77-vie-des-cuma/277-le-brf-aussi-pour-lagriculture<br /> <br /> "La Chambre d’Agriculture de Vendée a suivi une parcelle dont la matière organique était en-dessous de 2 : «on a gagné 1% par an sur une parcelle en rotation maïs-blé-trèfle incarnat, grâce à l’épandage de 30 tonnes/ha de déchets verts. 1%, c’est 30 mm de capacité de rétention d’eau en plus». "<br /> <br /> Jetez peut-être aussi un œil à http://activart.com/notre-monde/agriculture-biologique-incontournable.php<br /> <br /> Pas très à jour mais certains liens pourraient vous intéresser.
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L
Narvic: mouais en la théorie,mais en pratique,tout le monde s'en fout et te répond "ici vous savez ce sont les gros qui décident"... non et non! Ces mêmes gros subissent aussi les aleas mais n'ont surtout aucune envie de remettre en cause leurs pratiques.
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N
Un point commun des deux expériences que je citais, c'est que les agriculteurs n'y sont pas seuls et qu'ils travaillent en collaboration avec d'autres acteurs locaux (d'autres professionnels, comme les bouchers, comme des producteurs d'autres productions... et avec le soutien - financier! - d'institutions locales, comme des Conseils régionaux ou généraux, des communes et communautés de communes, voire des parcs naturels, régionaux ou nationaux).<br /> <br /> La clé de l'affaire, à mon avis, c'est le traitement associé des enjeux de l'agriculture, de la consommation, de la protection de la nature, de la ruralité et du développement local...
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