Pire qu'en 2003, comme en 1976...Inutiles ?
Les foins sont terminés ! Les moissons vont suivre... Déjà, je peux tirer un premier bilan d'une situation qui devient de plus en plus catastrophique. Il y a beaucoup de pudeur chez les éleveurs, abattus comme je ne les jamais vu. Ils se taisent en public comme assommés par ce qui nous arrive. Les langues se délient lorsque l'on se retrouve entre nous !
Le premier sentiment qui émerge est le sentiment d'abandon ! Avec tambours et trompettes, les dirigeants du pays ont fait croire à la prise de mesures exceptionnelles ! Celui qui se prend pour le grand chef de la profession a même donné sa bénédiction ! E-coli, otages, remaniement ministériel, DSK,.. l'actualité a repris sa folle valse ! Il ne pleut pas, très bonne chose à l'heure des départs en vacances. Mais dans les fermes, la réalité est toute autre. Chacun surveille les points d'eau qui menacent de tarir bientôt ! Comment faudra t' il organiser les troupeaux alors ? Et chacun compte les bottes ! Et là, l'ampleur de la catastrophe apparaît, simple comme le sont les chiffres :
Est il besoin de commentaires ? Il me faut 500 bottes pour passer l'hiver et combien pour nourrir jusqu'à l'hiver ? Je vous montrerai l'ampleur du problème un jour prochain... C'est la plus faible récolte depuis 1976, sauf que j'ai deux fois plus d'animaux que mon père en avait à l'époque !
J'ai repris deux parcelles pour vous montrer ce que représente les aléas de dame nature... D'abord celle qui sert de témoin de l'exploitation, une parcelle dans la zone de captage des eaux du village qui ne reçoit aucune fumure, aucun engrais et qui est simplement fauché une fois par an :
C'est donc ce que donne Dame nature sans intervention humaine ! A l'opposé, voici le grenier de la ferme, sans doute la meilleure parcelle, conduite à peu près toujours de la même façon avec engrais ou compost, pâture des animaux...
En 2003, elle avait été déprimée, cette année à peine. Et pourtant, le résultat est le même... L'intervention de l'homme ne peut compenser les excès de dame nature. Froid au printemps, pas de pluie, la fertilisation sert à rien.
Je suis donc démuni. Il ne reste qu'à acheter le manque qui est énorme. Mais pour cela, il faut de l'argent, beaucoup cette année ! Et aucune aide n'est certaine, aucun montant annoncé... "Allez à la banque !" Même les banquiers sont réservés face aux montants qu'il va falloir avancer. Alors chacun se demande, seul chez lui, si tout cela vaut la peine de se battre ! 20 fois j'ai entendu cette réflexion depuis plusieurs jours dans l'intimité des rencontres avec des paysans " Ils feraient mieux de nous dire clairement qu'ils n'ont plus besoin de nous ! "