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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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16 août 2011

Secours, sécurité, la ruralité mise en danger...

Une fois au sol, en position de survie, couché sur le côté, il m'a fallu attendre les pompiers ! Nous avons un centre de secours à Toulon, hyper dynamique. Remarquablement positionné par rapport au territoire, il attire beaucoup de jeunes recrues volontaires, dont le dévouement est incroyable.

Dans le temps, la sirène retentissait à chaque appel, toute la population savait, au nombre de coups sonnés de quel type de problème il s'agissait. A chaque type de sonneries, le nombre de pompiers volontaires, laissant tomber leur activité du moment, variait suivant le type de sinistre, avec un ordre de priorité pour ceux qui partaient, moins nombreux pour un accident que pour un incendie de ferme. Il y avait parfois des rappels quand la situation l'imposait ! Chacun dans le village se sentait concerné et en cas de feu de ferme, les paysans locaux suivaient... Maintenant, la sirène ne sonne qu'occasionnellement, les pompiers ont des bips ! La population est peut être moins stressée mais elle est moins au courant également... Cela évite que les voyeurs suivent les pompiers comme auparavant, ce qui est une bonne chose. Par contre, pour les feux de ferme, nous ne sommes plus avertis pour donner des coups de main ou lorsqu'il faut aller "reboucher" un trou dans une haie après un accident pour éviter que les animaux ne se sauvent !

Dans un but d'optimisation des moyens, il n'est plus possible de joindre directement la caserne du village et il faut un ordre du central départemental pour que les départs soient possibles ! On fait donc le 18 ! Cela présente sans doute des avantages certains en terme de rationnalisation des moyens mais le système a ses limites ! Il faut que la personne qui appelle, souvent angoissée et paniquée, précise bien, en plus de la nature du problème, le lieu de l'intervention demandée. Il arrive courament que des gens qui ne sont pas du cru, aient du mal à se situer sur une commune dont ils ne connaissent pas les limites, ni même parfois le nom ! L'abondance de lieux dits, souvent portant le même nom , a conduit de multiples fois les secours à des dizaines de kilomètres de l' endroit demandé ! D'autres fois, malgré des explications claires, les trajets empruntent des routes complexes alors qu'il existe des routes plus directes et plus rapides ! Sans en faire une règle générale, ces erreurs, liées à la méconnaissance naturelle du terrain, font parfois perdre des minutes précieuses et dans certains cas, se sont traduites par des conséquences dramatiques !

Ce ne fut pas le cas l'année dernière pour le feu d'une remorque de paille dans un champ près de chez moi ! Le trajet direct entre la caserne de mon village et l'endroit du sinistre était d'environ de 8 km sur une route assez facile et droite ! Mal informés et suivant les consignes, les pompiers en ont fait une quinzaine en passant par des routes étroites et sinueuses, routes que nous adorons faire en vélo et qui sont plus propices à flâner qu'à une intervention rapide. L'année étant humide, cela n'avait pas eu de conséquences graves mais il en aurait été tout autre chose cette année, au début juillet, au pire de la sécheresse !

Je le répéte, je ne tiens pas à généraliser les éceuils de cette organisation, juste à en souligner les limites ! Et vous allez comprendre pourquoi...

Sur le bord de mon chemin, la douleur m'a fait perdre la notion de temps ! Mon voisin a donc composé le 18 et a eu du mal à expliquer l'endroit de l'accident et peut être plus, sous le coup de l'émotion, à décrire la nature des blessures ! Je perdais du sang suite aux plaies du cuir chevelu ! Je lui ai demandé ensuite de me passer mon téléphone portable, resté dans mon tracteur. J'ai appelé Eric, qui heureusement était là, pour prendre en charge le camion de paille et la ferme ! Il est arrivé avant les pompiers . Mon voisin avait également téléphoné à mon frère qui est descendu tout de suite avec sa femme qui est infirmière. En fait, il n'y avait rien à faire puisque j'avais adopté la bonne position ( des restes de mon diplôme de secouriste ) ! J'ai passé deux ou trois autres coup de fil pour organiser la ferme.

Accaparé par cela, je n'ai pas entendu qu'au bout de 10 minutes d'attentes, temps maximum pour que les pompiers de Toulon arrivent habituellement, n'entendant aucune sirène d'ambulance dans le village, ils ont recomposé le 18 qui leur a répondu que les secours étaient en route sans préciser qu'ils venaient de Génelard, une commune sise à 18 kilomètres et dont la route est infecte en terme de vitesse  ( Perrecy et la forêt de Martenet pour qui connaît )! En voiture, il faut 18 minutes, plus pour une ambulance de pompiers qui ne est pas très performante en vitesse ! J'ai donc attendu 35 minutes, au dire de mon frère, allongé sous la pluie qui a cessé heureusement assez vite ! J'ai su plus tard que les pompiers du village avait été appelés pour un feu de round baler et que de ce fait, le central avait mobilisé le centre qui lui paraissait le plus proche sur sa carte, ce qui n'est pas forcément celui qui est le plus proche en temps de parcours ! Gueugnon aurait permis de gagner 10 minutes, mais ne doit pas faire partie de la même circonscription de pompiers ! 

Quand Eric a été là, avec mon frère et mon voisin, ils ont fait avancer le camion et ils ont largement le temps de dégager le terrain pour les pompiers. Ceux-ci ont été très pro ensuite ! Bien qu'ils ne soient pas médecins, ils ont fait une description au téléphone de mon état. Pour estimer les plaies, ils ont découpé le tee-shirt avec un ciseau à la taille impressionnante ! Puis ils m'ont basculé sur le dos et ont retiré mon pantalon ! Ils m'ont couvert d'une couverture de survie ! Je me plaignais surtout du dos ! Suivant les instructions à distance du médecin urgentiste, ils m'ont mis sur la planche en me soulevant à trois ! Puis j'ai été chargé dans l'ambulance !

Entre temps, ma belle soeur avait laissé un message à ma femme. Je lui avais donné mon téléphone. La pauvre m'a dit ensuite avoir vécu des minutes d'angoisse ! Elle a annulé tous ses rendez vous. Elle a rappelé puis obtenue que je sois transporté à l' endroit de son travail ! Quand le responsable des pompiers m'a annoncé l'endroit de mon hospitalidation, j'ai été soulagé ! Dans l'ambulance, j'ai passé les dernières consignes orales pour la ferme. Avant de partir, j'ai également vu les gendarmes qui ont eu la délicatesse de ne pas m'assailir de questions et de se faire décrire l'accident sans pression par mon voisin et mon frère. Au dernier moment, j'ai décidé de laisser mon téléphone à ma belle soeur. Je vous l'ai déjà dit, au moment où les portes de l'ambulance se sont refermées, j' avais décidé que seule ma santé comptait, que la ferme serait gérée sans que je doive intervenir ! Ce n'était pas une démission, juste l'acceptation de mon sort et du fait que je n'étais provisoirement plus maître de mon destin. Je devais m'en remettre aux autres, aux pompiers d'abord, puis aux médecins !

Le trajet fut très douloureux, la planche, c'est très dur sur les routes sinueuses et défoncées ! Pour ne pas trop me secouer, la conduite était calme, prudente et sans doute lente. J'en remercie le chauffeur. Le trajet a du durer près de trois quart d'heure ? Lorsque les portes se sont ouvertes et que le brancard a été poussé aux urgences, j'ai vu quelques secondes le visage bouleversé de Mme PH ! J'ai tenté de la rassurer par un sourire en lui disant que je n'avais pas perdu connaissance et que mes membres bougeaient ! Puis on m'a engouffré dans une salle pour un premier examen et une suite que je vous expliquerai un autre jour...

Je voudrais juste revenir sur les pompiers et le territoire ! Lors d'une réunion récente, où était évoquée la réforme des intercommunalités, Mr le préfet a annoncé le besoin de restructurer tous les schémas de services publiques : Ecoles, eau, égouts et pompiers furent les sujets cités. Inutile de vous dire qu'avec les autres représentants de mon village, nous avons prêté une oreille attentive. L'expérience de la fermeture de la gendarmerie nous a laissé un souvenir plus qu'amer ! Renseignement pris, nous avons su que le centre de secours de notre village était lui aussi sur la sellette, en compétition semble t'il avec celui d'Issy-l'évêque qui est encore plus isolé que nous du reste du monde !  L'expérience que j'ai vécu pourrait servir d'exemple pour réfléchir autrement à la répartition territoriale des services se sécurité. Il est trop facile de tracer des cercles concentriques sur une carte et de se dire que les zones où les cercles se croisent sont bien pourvues. On devrait raisonner en temps de trajet, ce qui n'a rien à voir ! Si on supprime les pompiers de Toulon, les plus proches seront à 20 minutes depuis Gueugnon, puis on passe rapidement à 35 minutes. Pire pour les villages autour, où les temps minimum seront sans doute supérieurs dans bien des cas à 45 minutes.

Soit on continue ces approches abbérantes et on crée des déserts où les derniers habitants auront intérêt d'être de constitution solide pour résister au moindre accident ! Soit on est intelligent et on admet qu'il faille raisonner autrement et évitant des "trous " sur le territoire. A terme, ce qui pourrait paraître un surcoût, pourrait être largement compensé à condition de choisir une vraie politique pour la ruralité, ne s'arrêtant pas seulement à des discours mais permettant, par des aménagements territoriaux novateurs, d'attirer à nouveau les populations dont on voit bien que l' entassement dans de grandes cités ne convient pas au bonheur de chacun ! C'est ce dernier choix qui prédomine pour des raisons politiques et électorales aujourd'hui, puisque plus une cité est grosse, plus elle touche de dotations générales de fonctionnement supérieures en terme financiers par habitant. 

J' avoue ne pas savoir comment faire prendre conscience aux responsables des enjeux ! Je me demande si une lettre ouverte, reprenant le récit de mon accident pourrait trouver un écho médiatique. Imaginez que j'ai eu une hémorragie interne en tombant ! Le pire aurait pu se produire sous l'oeil de mes proches attendant impuissants... Souvent dans les débats publics, lorsque ces sujets sont abordés, l'argument massue pour couper court à la discussion est " Mais aujourd'hui, il y a l'hélicoptère ! " Il faudrait qu'un jour, on soit sérieux ! Lors d'un accident, on envoie d'abord une équipe au sol pour faire un premier diagnostique ! Et c'est dans les cas très graves , après un premier avis médical exécuté de visu et lorsque le temps le permet que l'engin est sollicité ! Pour que l'agument soit recevable, il faudrait que l'hélicoptère parte en premier pour qu'un médecin soit le plus vite possible sur place ! On voit bien que cela n'est pas raisonnable...

Mais il n'y a pas que les accidents. Imaginez ce qui se passera lorsque les citernes des pompiers mettront encore plus de temps, du fait de leur poids, à intervenir ! Les reportages lors des incendies dans le midi démontrent l'importance d'agir tout de suite ! On met même des "patrouilles" sur le terrain dès que la situation météo devient défavorable. Si la nature des sinistres n'est pas la même chez moi, le temps d'intervention reste déterminant. Je sais, on me rétorquera que cela coûte cher ! Mais si les dégâts sont plus importants, les indemnités d'assurances augmenteront, donc le prix de ces assurances ! Il s'agit donc d'un transfert du coût, pas d'une diminution des dépenses !

L'angle "finances publiques" ne suffit pas ! La sécurité des hommes et des biens doit être garantie de la même façon pour tous par la collectivité ! C'est la base de notre république qui a inscrit "égalité" au centre des frontons de nos mairies ! J'ai découvert dans des statistiques de l'INSEE que, ramenée au nombre d'habitants, le nombre d'emplois dépendants directement ou indirectement ( santé ou autre ) de la fonction publique ou des prélèvements obligatoires, est très inférieur en pourcentage dans le milieu rural à celui du milieu urbain ! J'en ai donc marre d'entendre dire que la campagne coûte chère alors que c'est le contraire !!!!

Je comprends que les maires des villes n'aient pas envie que cela se sache, pourtant...

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Commentaires
D
Le seul mot d'ordre malheureusement restera "POGNON ET ECONOMIES" j'ai bien peur que les accidents en tout genre des petites gens ne soit pas foncièrement une priorité pour tous ces messieurs qui de toute façon vivent dans des grandes villes pourvues de tout ce qu'il faut ... <br /> Mais il faut avertir plutôt que guérir a toi de taper du poing sur la table avec tes amis et collègues paysans ...
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W
ts mes voeux de rétablissement, il ne doit pas facile d'être patient qd il y a tjrs à faire.<br /> judicieuses interrogations, qu'on ne se pose svt que qd on y est soi-même confronté ...<br /> en tant que "public" lambda, on n'a pas ce genre d'infos, et qd on s'installe en zone rurale, on pense svt plus école/courses/médecins qu'urgences/pompiers/permanence médicale/hôpital...<br /> c'est en effet une vraie inégalité territoriale.
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D
Je découvre depuis Paris votre accident via le blog. Je vous souhaite de vous rétablir le plus vite possible et de revenir sur votre ferme et à vos animaux dès que possible en pleine forme.<br /> <br /> Très cordialement.
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D
Pas trop devant mon ordi ces jours derniers et pourtant avec toi et ta famille.<br /> Comme dirait un certain ... : "Que la force du PH soit avec toi!"
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E
Tu devrais envoyer tous tes billets aux autorités locales, nationales et autres...<br /> Bises d'Ep'
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