Gel de printemps et animaux
Cela ne se voit pas au départ.
Quand il gèle à cette saison, on craint pour les veaux. C'est vrai que ceux qui sont fragiles des bronches peuvent faire des complications. Au pré, le diagnostic est difficile et quand on s'en rend compte, il est souvent bien tard pour intervenir efficacement. Mais une petite pincée de température négative ne pose pas de problèmes majeurs pour l'immense majorité car la durée de la période de gel est très courte, le soleil se levant tôt et réchauffant vite l'atmosphère... Une bonne tétée et tout est oublié.
Par contre des dégâts invisibles concernent les vaches, en particulier, celles qui sont "pleines" depuis 1 ou 2 mois. L'herbe glacée fait avorter ! Elles n'ont aucune conscience du danger. J'ai mis des bottes de foin dans chaque parcelle mais elles s'en fichent. L'herbe est tellement meilleure, ce qui se comprend. Le problème est que dès le lever du jour, elles mangent et avalent de l'herbe gelée. Il est difficile de mesurer les conséquences. Combien de vaches sont concernées ? Il y a celles qui "coulent" très tôt par rapport à la fécondation et que l'on ne remarque pas car elles se recyclent assez vite. Le problème concerne plus celles qui sont plus avancées et pour lesquelles c'est un vrai traumatisme. Peu de chance de remarquer les signes cliniques deux ou trois jours plus tard. Il n'y a qu'un filet de sang et au pré... Elles peinent alors à se recycler et ne reviennent en chaleur que beaucoup plus tard. C'est en fin d'hiver qu'on voit les dégâts avec des vaches dont les dates de fécondation sont connues et qui vêlent au printemps avec plusieurs mois de retard. Ainsi, cette année, j'ai trois très bonnes mères, dont je connaissais les dates de saillie et que j'ai vu recourir en juillet et août... Pour assurer le nombre de vêlages, je les ai gardé mais quelle galère de les traîner ainsi alors que la vraie saison de mises bas, hors ces accidents, est terminée depuis un bon mois.
Il n'y a pas de parade, il faudrait rentrer les animaux de force. Le phénomène passe inaperçu, on n'en parle jamais. Un violent coup de gel à mi avril nous prive non seulement de fruits mais il me prive d'une maîtrise des dates de vêlages qui m'assurerait une tranquillité plus tôt en saison. Cela me coûte de l'argent car il faut nourrir convenablement ces vaches tout l'été et ne pouvoir les sortir que bien tard, après sevrage, à un moment où les cours baissent tous les ans...