Coup de chapeau pour le MIAM d'or!
Je n'aime pas trop mélanger les genres. En clair, ce blog reflète la vie de la ferme, pas celle d'autres responsabilités. Mais quand ces dernières mettent en scène la ferme, pourquoi ne pas en parler... ?
"Il faut que vous montiez au SIAL, nous allons avoir un prix...!" Je suis donc allé au plus grand salon alimentaire du monde. Les produits industriels y côtoient les produits les plus authentiques ! C'est assez déroutant au départ, mais finalement nous n'avons pas à faire de complexes. La taille ne fait pas tout, même si la taille permet une meilleure exposition en permettant de financer des stands plus grands... Être présent est sans doute plus important qu'on ne le croit. C'est aussi l'occasion de mettre en valeur les produits de nos terroirs ! Tout en prenant la dimension mondiale qui nous rappelle que nous ne sommes pas seuls... "Cela ferait du bien à certains éleveurs de venir prendre conscience du besoin de communiquer sur nos races et produits si on veut exister demain !"
Ce salon est aussi l'occasion de mettre en avant les innovations techniques. On pense toujours que l'innovation alimentaire débouche sur l'industrialisation et la perte des qualités du produit initial ! Pourtant, l'innovation peut aussi permettre de conserver, transporter, et mettre en oeuvre rapidement les produits culinaires les plus nobles, sans les trahir. C'est qu' ont fait nos deux ingénieurs de la halle technologique de Charolles ! Elles ont inscrit le produit à un concours régional dont le résultat est donné au SIAL ! Un bon coup de projecteur sur nos régions (les autres le font aussi)... Et les deux complices ont gagnés ! Une des membres du jury nous a dit qu' ils avaient été scotchés en ouvrant les pots de dégustation : "On a retrouvé l'odeur puis le goût du vrai pot au feu ! C'est vraiment un produit super, bluffant..."
Reste ensuite la question de valoriser l'image de ce prix qui est un formidable encouragement. Les photos prises au salon sont prises dans un contexte de concours, avec des lumières artificielles et des gens partout... J'ai donc proposé que l'on fasse des photos dans le charolais, sans montage, avec de vraies vaches et le vrai paysage de notre région. Authentiques comme l'est le produit ! J'étais loin de me douter qu'elles me prendraient au mot et qu'elles viendraient sur la ferme. Bien qu'elles soient en vacances toutes les deux, elles ont déboulé vendredi après midi. "Il fait beau, cela ne va pas durer, il faut en profiter !" Ce n'est pas le paysan qui peut les contredire. Nous voici donc en C15, avec tables (pas formidables à empiler), pots, prix, nappes, appareil photo approchant au mieux les troupeaux de vaches pour immortaliser le prix ! Tout le monde, animaux compris, a été de très bonne composition, même si l'inquiétude la plus grande n'était pas forcément du côté que l'on croit ! Les mises en scène étaient compliquées même si on a suscité la curiosité dans les prés...
Reste de grandes questions auxquelles votre réponse peut être précieuse ! Faut il associer l'image d'un produit carné avec un animal vivant ? Faut il suggérer que l'AOP boeuf de charolles qui garantie que les animaux ont été nourris avec de l'herbe presqu'exclusivement (foin, donc herbe séchée, en hiver) soit mis en scène avec des pots dans l'herbe ? Remarquez au passage que les verts de l'étiquette reflètent bien les verts de l'herbe alentour ! Est ce un gage d'authenticité pour le consommateur ? J'aurai plusieurs autres questions et sans doute avez vous encore plus d'avis...
Pour finir, deux mots. Un sur le produit qui est un pot au feu que l'on peut manger froid en apéritif par exemple ou qui peut avantageusement remplacer la viande des tomates farcies par exemple. Je vous en reparlerai quand je testerai ! Un autre mot sur la difficulté d'innover : La halle est prévue pour répondre aux demandes de bouchers ou de restaurateurs qui voudraient transformer leur produits ou plats traiteur afin que les gens puissent les emmener chez eux et les consommer plus tard. Mais qu' il est difficile de convaincre qu'il y a là un vrai marché à créer ! Il faut dire que les règles sanitaires compliquent vraiment les choses. Reste que ce n'est pas ancré dans la mentalité de la filière bovine au contraire de la charcuterie. Je le répète toujours, mais à part la viande hachée... Ce prix est donc une vraie reconnaissance des professionnels des autres filières, voir un coup de pied là où il faut.
Au passage, si certains lecteurs de ce blog veulent commercialiser le produit sur Paris ou autre grande ville, mon mail peut servir de relai... En Bourgogne, j'espère qu'on le trouvera bientôt un peu partout. Quand aux deux complices, j'ai cru comprendre qu'elles travaillent déjà sur un autre projet de produit... Vraiment bravo à elles !