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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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15 septembre 2016

...Le contexte sanitaire :

 

Il y a un an, en fin d’été, réapparaissait la FCO. Puis en fin d’année, c’est la grippe aviaire qui resurgissait dans le sud-ouest. Dans les deux cas, ces épizooties sont arrivées au pire moment : Au début de la période de vente des broutards dans le premier cas, avant les fêtes  de fin d’année dans le second ! Classé en zone « sale » ou contaminée, les mesures sanitaires paralysent le marché. Pour stopper les maladies, il faut isoler les zones où elle est apparue. Ensuite, vide sanitaire ou vaccination, quand ce n’est pas élimination des animaux, sont mis en œuvre suivant les cas.

Les virus ne connaissent pas les frontières. Nous vivons à une époque où les déplacements sont de plus en plus rapides et de plus en plus lointains. Les frontières naturelles du monde réel ont donc bougées. Tunnel, pont ou viaduc, traversent ce qui constituaient anciennement des barrières naturelles. Avions et bateaux traversent les mers et océans en quelques heures ou quelques jours. On découvre donc les maladies après coup, la prévention devient très complexe et les zones à risques se sont étendues à tous les territoires. Un chien non vacciné, ayant voyagé dans une zone à risque, peut ramener la rage ! On pense que la FCO est arrivée en Europe par des moustiques qui ont accompagné des roses livrées en avion depuis le Kénia. La tuberculose est revenue suite à des déplacements humains...

La faune sauvage est également facteur de risque pour l’élevage. Le retour de la FCO l’année dernière pose clairement le problème. Le pullulement des ragondins, qui n’ont pas de prédateurs en Europe, est un enjeu de santé publique plus que les seuls dégâts qu’ils occasionnent. Les moustiques, tigres ou autres, sont des vecteurs de virus majeurs. La préservation des zones humides, leur endroit de vie, va à l’encontre des préconisations de surveillance des eaux stagnantes dans les jardins. Couramment, surtout au printemps, je suis piqué par des tics, porteurs de la maladie de Lyme, qui me tombent dessus soit en entretenant les clôtures de haies, soit au contact des animaux qui se protègent du vent contre les haies ou du soleil sous les arbres.  

L’éleveur que je suis est donc pris entre des tas de paradoxes et de risques qu’il ne peut maîtriser. La demande sociétale le pousse à produire plus naturel mais le respect de la biodiversité l’expose lui personnellement et son troupeau à plus de risques sanitaires. Le compromis est complexe à trouver quand il s’agit de gérer le territoire d’une ferme. Il  n’est pas question de tout détruire mais bien de gérer un risque. Qui mieux que le paysan peut le faire ? Pourtant, souvent, le risque est géré par un règlement, une fois le problème détecté sans qu’il ait été anticipé. Mais c’est l’éleveur qui en paie toujours les pots cassés. ..

Ainsi, cette année, il faut à nouveau vacciner les broutards pour espérer les vendre. C’est forcément un argument pour baisser les prix dans les zones dites à risque FCO. Mais dans le même temps, faute de budget, le troupeau reproducteur ne l’est pas, ce qui veut dire que potentiellement, on prend le risque de garder des « réservoirs «  et donc de voir réapparaître la maladie un jour ou l’autre. Ce qui fait les affaires des labos ! Cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, en permanence, alors qu’on essaye de tout faire bien,  est pesante voir décourageante quand les problèmes arrivent. Certains éleveurs sont  parfois montrés du doigt. J’en ai rencontré lors des épisodes « vache folle », alors qu’ils n’y étaient pour rien. Et que dire des enfants mis alors à l’index par les autres enfants, dans la cour de récréation de l’école communale… 

La gestion de la nature ne peut pas se faire sans tenir compte du réalisme de ceux qui y vivent et l'entretiennent. Encore faut il qu'on ne les rendent pas responsables de tous les maux. Surtout quand on nie, en même temps, les effets dévastateurs de la concentration humaine dans les mégapoles ! 

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Commentaires
F
Vraiment pas grand chose à ajouter...sinon insister sur le fait que ce risque sanitaire est bien difficile à gérer, qu'il peut faire les choux gras d'autres professions associées et qu'il est trop souvent prétexte à d'âpres négociations pour faire baisser les prix...<br /> <br /> Au total, en ce moment, un constat bien négatif alors que ce métier peut être si beau.
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