Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
paysanheureux
paysanheureux
Publicité
paysanheureux
  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 1 434 966
14 octobre 2018

Saint Thomas, le saint patron des très hauts fonctionnaires parisiens

Tous les échos parisiens qui parviennent au fin fond des campagnes disent la même chose: Dans les ministères, surtout dans celui de l'agriculture, on doute de la réalité de la sécheresse.

Ce déni de réalité m'exaspère !

Première hypothèse; Pour des questions de budget national, il faut à tout prix ne pas dépenser un euro de plus. La solidarité nationale passe donc au second plan, seule la finance compte. Cette réflexion est une vision à très court terme. Avec le corps préfectoral et la DDA de l'époque, nous avions estimé les subventions de la sécheresse 2003 à 40% des dépenses que celle-ci avait occasionnée auprès des éleveurs. Les 60 % restants avaient été financés par autofinancement ou par emprunt. Or l'état prélève, en moyenne, 50 % de la richesse créée : Résultat, la sécheresse lui avait rapporté de l'argent. De plus, on avait évité la décapitalisation des troupeaux donc le coût d'une reconstruction... Les rentrées fiscales supplémentaires étaient générées par les hausses de prix des aliments du bétail, la paille non broyée qui avait été vendue, les charges sociales sur tout le travail supplémentaire ou les taxes sur les carburants des transports qui n'auraient pas eu lieu autrement... 

Seconde hypothèse, la plus crédible, Paris est déconnecté du reste de la France ! Un très haut fonctionnaire, bobo bien souvent, est incapable de comprendre un problème qui ne se traduit pas en chiffres ! Il est prisonnier des schémas administratifs établis. Dans le cas actuel, la situation ne rentre pas dans les critères habituels de la définition de la sécheresse. En clair, il faut ramener tout en chiffres et en pourcentage ! Un hectare d'herbe produit, en théorie, 70 % au printemps et les 30% autres sur le reste de la saison ! Avec une sécheresse de printemps , on peut atteindre facilement les 28% de pertes déclencheurs de la procédure puisqu'il suffit d'avoir un déficit de 40 % des 70 %. En clair, il est assez facile sur l'exemple de ma ferme de prouver que si je fais 330 bottes au lieu des 550 nécessaires pour un hiver, il y a problème ! La difficulté  de cette année, un inédit de dame Nature, est que j'ai récolté 530 bottes mais je dois en donner au moins 200 avant l'hiver !!! Donc il faut prouver, ce qui est compliqué voir impossible, que les 30% attribués à la période été automne sont complètement perdus ! Dans l'absolu, il suffit de 2% de repousse pour que la procédure puisse être caduque !

Pour compléter le tableau, automnes 2016 et 2017 étaient déjà déficitaires, en dessous des seuils. Résultat, les stocks de précaution ont été consommés. Donc, le calcul sur une seule campagne a des limites. Une consommation de 200 bottes avant l'hiver me met en situation difficile, non pas pour maintenant, mais pour le mois de mars voir dès février ... Ce que ne prennent pas en compte les schémas puisque seule la récolte compte pour déclencher les procédures. Finalement, pour un paysan, loin des calculs et de façon réaliste,la chose est simple. Nous devrons racheter de la nourriture et seuls, nous n'en avons pas les moyens !

Quand on dit que l'on doit s'adapter au réchauffement climatique, n'allez pas croire que les grandes administrations en soient exclues ! Sauf qu'il leur faudra comme toujours, le temps des statistiques pour réagir, c'est à dire trop tard dans une majorité de cas ! Dans la situation présente, ici, l'élevage sera en danger en fin d'hiver et les statistiques s'affoleront au mieux à la rentrée de septembre de l'année prochaine ! Donc quand une foultitude d'exploitations auront culbutées financièrement.

ministre-hélocoptère-estive

Le rôle de décideur devrait revenir au ministre. Le nouveau à l'écologie voit les choses de haut puisqu'il se déplace vers les alpages par exemple, en hélicoptère. Cela lui évite de se confronter aux réalités de terrain puisqu'à 2000 m, c'est encore vert ! Celui de l'agriculture ne semble pas avoir visité de ferme en zone sèche, depuis le mois d'août dans la Creuse, si son twitter est complet ce dont je ne doute pas ! De plus, depuis le départ de celui de l'intérieur, autour de moi, je n'entends que des sarcasmes sur leur vraie utilité puisqu'on peut s'en passer sans aucun problème à court terme ! Enfin, un ministre qui pourrait être sur le départ ne va pas se casser la tête pour nous, comme un nouvel arrivé ne se précipitera pas pour débloquer la situation !

sécheresse-France

Finalement, je me dis que notre haute fonction publique, enfermée dans ses bureaux parisiens, est incapable de discernement et de flexibilité, donc d'adaptation rapide à une situation inédite. Il est vrai que sur la carte, Paris n'est pas dans le rouge comme ici. Faudrait il que la Seine soit à sec pour qu'elle accepte, comme saint Thomas, les réalités? De même que la situation de Paris n'est pas celle de la France, et qu'elle peut être très délicate dans certaines régions ? A l'heure des NTIC, nouvelles technologies d'information et de communication, il est impressionnant que nous puissions être autant soumis, voir harcelés par les détails inutiles de la vie politique parisienne et que celle-ci puisse rester aussi distante et sourde aux remontées des campagnes...   

Publicité
Publicité
Commentaires
O
Et je crains que ce soit à peu près la même chose dans le domaine de la santé. Les indicateurs chiffré sont un moyen de prendre des décisions sans rien connaître à la réalité du terrain...
Répondre
S
Réponse de Paris concernant le problème climatique et l'aide pour le milieu agricole / élevage :<br /> <br /> http://agriculture.gouv.fr/aleas-climatiques-la-secheresse-en-question<br /> <br /> <br /> <br /> et voici ce que le ministre a répondu à nos élus à ce sujet :<br /> <br /> https://twitter.com/AssembleeNat/status/1047478324006514688
Répondre
H
"Le rôle de décideur devrait revenir au ministre."<br /> <br /> Un ministre ça change... au gré du vent... électoral. Ou des intérêts divers.<br /> <br /> Comme l'avait découvert un certain M. Hulot. Qui pensait qu'être nommé ministre lui permettrait de faire ce qu'il voulait...<br /> <br /> <br /> <br /> Un fonctionnaire et des règlement ça reste plus longtemps. Parfois ça reste si longtemps que ça n'a pas le temps de s'adapter. Comme les dinosaures...
Répondre
I
en costume cravate dans les alpages!!<br /> <br /> Que dire de plus..
Répondre
S
C'est pour cela, entre autre, que nous ne pouvons qu'être étonnés que les agriculteurs/éleveurs leur obéissent... vu de l'extérieur, ceux qui devraient tout faire pour vous aider ne cessent de vous mettre des bâtons dans les roues, ne cessent d'aggraver les situations (déjà difficiles pour causes naturelles - mais là, on ne peut malheureusement rien faire : il aurait fallu encourager dès les années 60, la "qualité" au lieu de la "quantité", ce qui aurait permis aux producteurs de pouvoir vivre de leur production et non de constater impuissants la baisse de leur pouvoir d'achat tout en assassinant leur outil de travail principal : le sol qui entraîne certainement l'assassinat d'un autre de leur outils : la nappe phréatique) et de vous mettre à dos une grande majorité de la population en rejetant leurs erreurs sur votre dos (pratique, vous avez appris à ne pas vous défendre).<br /> <br /> Le secteur Primaire (le plus important pour la survie d'une population et l'économie nationale) devrait être mis en avant et non pas se réduire à une peau de chagrin tel que cela nous est enseigné en cours d'économie. Oui, les profs nous disent que moins important est le secteur primaire dans une nation, plus "puissant" sera le pays... (cherchez la bêtise de ce qu'on nous enseigne). Comment voulez-vous qu'avec de tels principes enseignés depuis des décennies, vous puissiez espérer qu'un politicien prendra en considération vos doléances, vos problèmes quand dans son "éducation", sa "formation", on lui a bourré le crane comme quoi le secteur primaire français doit impérativement disparaître ? Les problèmes dans votre secteur économique ne vient pas d'un autre secteur, d'une autre branche économique comme on veut vous le faire croire, mais bel et bien de la bêtise (pour rester polie) d'individus à qui ont été placés à des postes clés alors que leur taux de bêtise battait tous les records nationaux...<br /> <br /> <br /> <br /> @+<br /> <br /> Sab<br /> <br /> https://sab1703.blogspot.com<br /> <br /> https://journalismelibre.blogspot.com/
Répondre
Publicité