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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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23 septembre 2010

Qui ne dit mot consent ! Donc PH parle

Pour une fois, je vais sortir de ma réserve en abordant un sujet politique ou plus justement un comportement politique. Je sais que cette fois, le risque de conséquences d'une expression du paysanheureux dans ma vraie vie est réel. Mais j'ai besoin d'exprimer ici le malaise très profond que je ressens face à un choix politique de mon pays, choix dont je conteste la pertinence. Beaucoup vont être très surpris. On adore classer les gens dans une catégorie politique, leur mettre une étiquette. A partir de là, il y a une obligation de penser selon un code défini en haut lieu. Au pire, en cas de désaccord, on se tait prudemment en attendant des jours meilleurs. Je n'ai pas d'ambition politique au plus petit niveau que ce soit. J'accepte de prendre des responsabilités pour rendre service aux autres, en y mettant toute ma conviction. Mais celle -ci veut et doit rester libre ! Parce qu'il y a de bonnes idées dans tous les camps, parce que l'intérêt général doit primer sur le calcul personnel... Inutile d'essayer,pour ceux qui me connaissent, de chercher un tiroir politique pour me reclasser, il n'y en a pas. Il y a juste ma conscience personnelle qui fait partie intégrante de PH ! Je ne demande pas que l'on soit d'accord avec moi, juste que l'on respecte mon opinion. Elle peut être discutable, discutée même, si c'est dans le respect et la recherche d'une analyse plus juste !

J'ai donc écrit ceci en commentaire à un des excellents billets de Jean Quatremer :

Roms: Sarkozy s'en sort tant bien que "mâle"

" Pour être compréhensible, je suis obligé de passer par ma lecture ( pardon pour la longueur) des manœuvres politiques actuelles : Empêtré dans les affaires que l'on sait, il fallait trouver un prétexte et un sujet pour exalter le sentiment national des français ! Les événements violents de cet été ont servi de prétexte. La désignation de communautés mal intégrées, qui rendent tout le monde mal à l'aise puisque « nomades », donc « pas comme nous », a servi de moyen. En prenant bien garde au passage de ne pas s'attaquer au vrai problème de sécurité de la France d'aujourd'hui que sont certaines banlieues où les problèmes sont autrement plus difficiles à régler... Inévitablement, cette désignation de coupables étrangers allait donner lieu à des réactions, permettant de rassembler les français derrière une bannière nationale garante d'unité nationale face à l'ingérence...L'étranger a toujours été un bouc émissaire idéal !

 

Des autorités morales ou institutionnelles ont commencé à réagir dès le mois d'août. Je pense à l'ONU, l'église, puis le parlement européen... (Il faut dire que séparer femmes et enfants de maris ne rappelait pas les meilleurs souvenirs). Raillé au départ, ce discours fait son chemin, beaucoup plus à mon sens que celui de l' opposition politique, critique systématique par habitude, qui se retrouve prise dans ses contradictions. Il n'échappe à personne qu'une circulaire ministérielle va à l'encontre totale des traités signés par notre pays et pire à l'encontre de ses valeurs morales. La notion de renvoi systématique d'une population désignée dans son ensemble ne me semble pas  faire partie de ces dernières.  La réécriture en catastrophe est l'aveu d'une bourde monumentale dont il n'est pas imaginable, au vu de l'importance de cette dernière, qu' elle ait pu être commise par une seule personne au fond d'un ministère. Les contre feux allumés ce week-end en essayant de déporter l'attention du public sur la justice confortent mon opinion ! Le pouvoir suppose de ne jamais se tromper. Ou plutôt, certains pensent que reconnaître une faute le rendra plus faible !

 

Dès lors, prit en défaut, il fallait créer une diversion. En parallèle, si on se met un instant à la place de Mme Reding, on peut comprendre son coup de chaud ! Deux ministres français étaient venus défendre la position du gouvernement français, position démentie par la première rédaction de cette circulaire. Gardienne des traités, elle ne pouvait pas laisser passer sans réagir. Cela aurait donné l'impression  au mieux de laxisme, au pire de cautionnement. Mais sa colère légitime a frisé les limites. Rebondir devenait dès lors possible en poussant l'interprétation de ses propos à l'extrême. Il est facile de surfer sur une vague de déception pour ne pas dire défiance des français vis à vis de l'Europe. Surtout que notre peuple n'aime pas trop recevoir de  leçons ! On transforme un «depuis la seconde...» en «pendant la seconde...», on suggère le mot « juifs » jamais prononcé semble t'il  et le tour est joué... Mme Reding est obligée d'exprimer des regrets ! Les choses auraient du s'arrêter là  vendredi matin . Il était facile alors de renvoyer la patate chaude du problème des roms à l'UE, même si, une nouvelle fois, ce n'était pas très glorieux. Mais le principal défaut des français est d'être arrogants et revanchards. Fallait il continuer de jeter de l'huile sur le feu ? Était il utile d'en venir à une « mâle » ( cf jeu de mot de Jean Quatremer) altercation avec Mr Barroso ? Que penser des propos d'un certain sénateur à propos du Luxembourg ?  Pas sûr que ce soit la bonne pioche !

 

Car  une majorité de français n'est peut être pas aussi manipulable que cela. Aujourd'hui, les modes d'information ont changé. Le contrôle des médias nationaux traditionnels ne suffit plus. La moindre information trouve un écho inattendu sur la toile en particulier. Je me demande d'ailleurs, si ces derniers jours, prenant acte de cet état de fait, forums et divers blogs n'ont pas été «investis», créant l'illusion d' un phénomène qui laisse penser à un vrai mouvement de masse en faveur de l'expulsion des roms ? Analyse confortée  par les premiers sondages à chaud mais démentie ensuite par les sondages plus éloignés des événements...

Beaucoup perçoivent le jeu politique décrit ci-dessus. Jouer avec le feu comporte le risque de se brûler ! J'ai eu l'occasion de rencontrer des tas de gens « raisonnables » ces derniers jours. L'élan nationaliste visant à bouter l'ennemi hors de France que j'évoque plus haut crée chez la plupart un embarras certain, une gêne même. Oui, l'étalage de la misère des roms dans les rues nous dérange ! On se rend bien compte qu'il faut faire quelque chose. Mais la méthode adoptée pose question à de plus en plus de monde ! Dans un premier temps, c'est le silence qui a prévalu. Le terrain était occupé par des militants très actifs qui ont été des relais de la « bonne » parole ! En public, ils n'ont pas été contredits, ce qui les rend très sûrs d'eux mais fausse la perception de l'opinion générale !. Car, chez bon nombre de citoyens,  en coulisses, on sent le doute s'installer, se traduisant d'abord par un simple haussement d'épaule d'impuissance. Tout doucement, les langues se délient ! «  Je ne sais pas où va le pays ? » « C'est quand même gênant pour le pays des droits de l'homme ! » « N'y aurait il pas une autre solution ? » Aborder le sujet semblait passer pour de l'angélisme il y a quelques jours, voir même pour une trahison aux yeux des extrêmes. Mais sous cape, le discours est très différent : «  On est en train de se mettre le reste du monde à dos ! » « On en est au même point que l' Amérique de Bush »...

Je pense que ce décalage explique pour partie les écarts incroyables entre les sondages. Il est impossible de dire qui gagne ou perd aujourd'hui. Mais je pense  que tout cela va laisser des traces. D'abord que vont devenir les roms qui font les frais de ce jeu ? A l'étranger ensuite, quelle est l'image réelle de la France ? Quelle va être son influence en Europe dans les prochains mois ? En interne enfin ! L'amalgame avec les gens du voyage qui sont français depuis très longtemps va devenir un casse tête insoluble quand il faudra les accueillir sur les communes ! Je n'ose même pas penser aux conséquences politiques, les extrêmes passent pour des agneaux. Le risque de surenchères est bien présent, à qui le tour ? Déjà, certains s'engouffrent dans le mouvement. Ils ont beau jeu de demander la sortie de notre pays de l'Europe. L'argument du solde de la participation de notre pays au budget européen est vraiment léger. Nos économies sont tellement imbriquées pour ne pas dire intégrées qu' il est impossible de mesurer les conséquences d'un repli, même partiel, à l'intérieur de nos frontières. D'ailleurs que pesons nous exactement dans le monde d'aujourd'hui ? Même en ré-internalisant certaines productions industrielles, nous sommes tellement dépendant du pétrole, de l'uranium ou des protéines, par exemple,que nous serions incapables de nous en sortir seuls, sans exportations conséquentes. Or, c'est bien l' Europe qui est notre premier marché ! Je note au passage que notre économie n'a pas connue depuis plusieurs siècles une vie basée uniquement sur son marché intérieur. On est passé sans transition de puissance coloniale à une zone de libre échange : l' Europe ! Ce qui me laisse douter de notre capacité à nous débrouiller tous seuls sans un appauvrissement conséquent.

 

Heureusement, on commence à entendre des voix, auxquelles je me joins,  pour dire que l' Europe est la seule solution. Il n'échappe à personne que le problème des roms et bien d'autres ne se règleront qu'à ce niveau. A contre courant de l'agitation actuelle, j'ai entendu plusieurs fois des personnes se demander s'il existe une « Angela » disponible ? J'y lis une défiance vis à vis des partis politiques traditionnels français qui ne font plus recette... En fait, cette façon française de gérer tous les problèmes par opposition systématique exaspère. Pire quand la politique  monte les gens et les groupes sociaux les uns contre les autres. Au contraire, on attend d'un dirigeant une analyse non biaisée de la situation,  un objectif clair à atteindre, une vraie ligne directrice stable  même si elle suppose des efforts, du moment que ceux-ci soient justement répartis ! Pas cette course permanente au pouvoir conditionnée par un ajustement permanent à ce qui est censé être pensé par la majorité de l'opinion. Encore moins des promesses électorales non réalistes dans le temps...

 

Je pense donc qu'il ne faudrait pas se fier au proverbe : « qui ne dit mot consent ! » sur le sujet. Je n'ai aucune prétention pour affirmer que mon opinion est majoritaire. Mais je pense qu'en France d'en bas, les curseurs ne passent pas forcément là où les dirigeants voudraient les mettre et qu'il est temps de l'exprimer. Je regrette au passage, que la présidence de l'Europe soit si faible et si effacée. Les choses seraient sans doute très différentes si on avait un homme de stature historique comme Mr Kohl, par exemple, à sa tête... En attendant, l' Europe reste un garde fou contre nos propres excès. Cela, je suis sûr de ne pas être le seul à le penser ! "

 

 

 

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Commentaires
G
Merci pour ce billet.<br /> Je suis content de lire que pour vous aussi :"On transforme un «depuis la seconde...» en «pendant la seconde...»".<br /> On dirait que pas grand monde n'a lu le (court) discours de Mme Reding...<br /> Vocabulaire encore : pendant des années, les politiques nous "bassinaient" avec le chômage, le chômage... Et hop ! Envolé ce mot sinistre... Aujourd'hui, c'est sécurité, sécurité...
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P
Isa : Beaucoup de gens ressentent cela. Pourtant, il s'agit de gérer le bien commun !<br /> Gaëlle : C'est une diversion et un alibi pour faire croire à une action sécuritaire efficace...<br /> Yanik : Je suis sensible à ce que tu écris sur nos enfants qui voyagent. Les clefs de l'avenir sont là !<br /> Sammy : Prudence ??? Dans ton métier ? <br /> Parce que si c'est avec certaines personnes,en dehors du métier, je crois qu'au contraire, il faut parler !
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S
Je pense exactement comme toi. <br /> Mais je ne me tais pas par consentement, mais plus par prudence...
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Y
Je suis assez en phase avec ce que tu écris et le long préambule de ton billet montre toute la prudence dont il faut faire part lorsque l'on veut prendre position dans ce pays pourtant "démocratique".<br /> Le fait d'attiser la haine xénophobe (contre des gens qui ne votent pas) détourne effectivement le raisonnement pour le transformer en instinct, ce qui n'est pas très reluisant. Moi qui suit un peu l'expression des rues à travers les graffitis en trouve déjà qui montrent que le discours haineux fait écho chez certains.<br /> La France comme une citadelle assiégée ou à purifier, mauvais souvenirs que l'on pensait ne jamais voir revenir. Comme quoi ...<br /> Heureusement nos enfants travaillent et/ou voyagent partout dans le monde et portent une toute autre vision des relations avec "les étrangers" bien au-delà de l'Europe. Faut garder un peu d'espoir.<br /> <br /> Merci pour ton billet.<br /> <br /> PS : pas vu grand-chose comme réaction du côté des artistes français qui utilisent à fond la musique manouche pour faire du succès ....
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G
Mon mari n'avait pas suivi "l'affaire des Roms". Un soir il m'a demandé, mais pourquoi on en fait tout un plat? S'ils sont ici illégalement, on est en droit de les renvoyer dans leur pays, non?<br /> <br /> C'est pas si simple que ça. Je crois que ce qui a hérissé beaucoup de monde, c'est le fait de démanteler les camps de Roms, nominativement. De cibler une population. Effectivement, ça fait nazi, n'ayons pas peur des mots. Et ça, au pays des droits de l'homme, ça fait désordre.<br /> <br /> Quant à les renvoyer chez eux... Ils sont européens, non? A ce titre ils ont le droit d'être en France. On ne peut que leur reprocher des campements illégaux.<br /> <br /> Après, ce problème-là est une autre paire de manches. Doit-on essayer de les "intégrer"? Peuvent-ils vivre comme les gens du voyage?<br /> <br /> (petite anecdote, quand on va au cimetière de Lesneven, on se rend compte que les familles de gens du voyage font partie des plus vieilles familles de Lesneven... :-p plus que français, plus que bretons, ils sont même léonards)<br /> <br /> Bref s'il doit y avoir un débat, ce serait plutôt à propos de l'immigration en général. Qui devons-nous accueillir, qui avons-nous les moyens d'accueillir, dans quelles conditions, que faire des sans-papiers...<br /> <br /> Est-ce que cette histoire de Roms ne serait pas aussi une diversion pour nous empêcher de nous intéresser à d'autres problématiques? Un pays qui vire au tout sécuritaire (ça me fait un peu peur), une nécessité de rigueur budgétaire non assumée, la "crise" qui est moins grave quand on n'en parle pas, une absence de débat politique en France (ils sont où les socialistes? ils disent quoi? c'est qui l'opposition?)<br /> <br /> Ben voilà, moi aussi j'en écris des tartines :-)
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