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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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6 septembre 2019

Agribashing, ici également...

A l'heure où on parle des incendies au Brésil, où l'on se pose la question des importations de soja, la question de l'indépendance en protéines de l'Europe est sur la table. Nous n'avons, pour le moment, pas de solution miracle. La recherche de l'autonomie au niveau de nos fermes passe par certaines cultures, dont la luzerne. Autant sur les terrains calcaires, c'est une culture assez facile à réussir, autant sur nos terrains granitiques, acides, c'est un peu plus compliqué. Il faut avoir fait un amendement régulier depuis plusieurs années, inocculer... Bref, il faut réunir les conditions pour, et tenter !

La période la plus favorable pour semer est "entre les deux dames", à savoir entre le 15 août et le 8 septembre ! Peu de terrains permettent cette année de réunir des conditions favorables. Revers de la médaille, avec cette sécheresse, c'était la même chose l'année dernière, tout travail génére de la poussière. Il n'y a jamais eu de problèmes avec cela jusqu'à maintenant, à condition de respecter les voisins. Mais dans le climat délétère actuel, ce n'est pas de là que les problèmes viennent.

Un agriculteur semait donc le long d'une route départementale. Bien sûr, les premiers tours ont généré de la poussière passant par dessus les haies. Au bout d'un moment, il a vu les gendarmes arriver. En les interrogeant, il a appris qu'un automobiliste les avait appelé pour se plaindre... "Dois je arrêter ?" "Non, continuez, nous sommes obligés de venir constater... "

Cela pourrait rester anodin si ce n'est que dans le contexte actuel, la propension à tout dénoncer dès qu'un paysan travaille monte en flèche. A ce rythme, nous n'allons plus rien pouvoir faire sans voir les gendarmes arriver. Eux ont peut être d'autres choses à faire que de venir nous surveiller. Chaque citoyen semble vouloir se transformer en agronome averti ! Plus inquiétant, cela fait déjà longtemps que je le dénonce, on confond nuisances et pollution. L'une est désagréable mais sans danger, l'autre peut poser question. La méconnaissance des matériels et des travaux agricoles entretient la confusion. Un semis peut générer des nuisances de bruit ou de poussière. Un traitement nécessite des précautions, comme d'interdire l'accès aux parcelles immédiatement après le passage.

J'évoque le fait avec l'accord du paysan concerné. Mieux vaut ne pas savoir qui a prévenu les gendarmes. Dans ce cas, il n'y a aucun risque pour celui qui est concerné en rajoute. Mais le danger d'une escalade agressive est réel avec un jour, un paysan fatigué. On ne peut exclure qu'à force d'en rajouter dans les médias, de nouveaux justiciers viennent bloquer les chantiers. Comment réagir ensuite ? Les réseaux sociaux relatent régulièrement des agressions verbales, tel le témoignage récent d'une épouse dont le mari a été bloqué dans son champ en semant ou en déchaumant, je ne me souviens plus ? Elle était aussi désemparée que lui, à midi, ne sachant comment réagir. Comme l'est l'agriculteur cité plus haut sinon il ne m'en aurait pas parlé.

Comment va t'on pouvoir travailler ? Comment supporter cela en sus des autres problèmes que nous rencontrons en permanence, que ce soit les écarts climatiques, les maladies des animaux et végétaux, les accidents de troupeaux, sans oublier le principal à savoir les marchés... Il est  nécessaire de revenir à un peu de sérénité, au respect du travail et des compétences de chacun... Imaginez vous travailler dans un contexte aussi lourd, où un simple passant peut devenir agressif sans crier gare ?

 

 

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Commentaires
J
https://www.franceculture.fr/emissions/le-temps-du-debat/la-france-et-ses-paysans-amour-decu<br /> <br /> une émission qui prend le temps pour laisser parler les intervenants
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Y
J'aimerais revenir sur l'axe pesticide.<br /> <br /> Il y a des discussions sur la distance minimum d'épandage. Dans mon entourage, certains sont pour, d'autres contre, beaucoup ne savent pas de quoi on parle.<br /> <br /> <br /> <br /> Je pense que les pesticides en soi ne sont pas mauvais. C'est leur usage et leur fabrication qui doit être amélioré.<br /> <br /> <br /> <br /> Je vais prendre un exemple simple.<br /> <br /> Je ne suis pas éleveur, mais je sais que si on traite un veau avec un antibiotique, il faut attendre que l'antibiotique ait été totalement éliminé du corps du veau avant de le vendre à l'abattoir.<br /> <br /> <br /> <br /> Lorsqu'on applique un traitement sur un végétal, le plus souvent le traitement a été testé pour deux critères: son innocuité sur le végétal et son efficacité sur le pathogène (insecte/ maladie). On a aussi probablement testé son innocuité lors de l'application (= éviter de tuer l'agriculteur qui l'applique) et le cas où, préconisé une méthode d'application (gants, masque, lunettes).<br /> <br /> <br /> <br /> Reste que je doute qu'on teste aussi sérieusement que pour des médicaments ou des aliments pour humains si le phytosanitaire est totalement inoffensif pour l'humain.<br /> <br /> <br /> <br /> L'agriculteur, lorsqu'il va l'appliquer, va pouvoir porter un masque, des protections. La distance de 150m avait été choisie parce que, si ma mémoire est bonne, à cette distance la probabilité de recevoir du pesticide est nulle. Même avec un coup de vent, etc. Cette distance avait comme gros avantage qu'on avait pas à se préoccuper de l'innocuité du pesticide sur un humain non protégé.<br /> <br /> <br /> <br /> Dès l'instant où un humain peut être en contact avec le pesticide (ex: distance inférieure à 150m), alors il faut que le pesticide soit démontré comme totalement inoffensif pour l'humain, quelque soit la méthode d'absorption (peau, poumons, etc.).<br /> <br /> <br /> <br /> Une solution intermédiaire serait peut-être de s'arranger pour diminuer cette distance: par exemple en "lestant" le pesticide(?).<br /> <br /> <br /> <br /> Un autre problème que je n'évoquerai pas ici est le quid du résidu des phytosanitaire dans les produits végétaux. Si mon voisin veut traiter son champ au glyphosate, fort bien du moment que je n'en respire pas. Mais s'il me veut me vendre des patates cultivées sur ce champ, j'exige soit qu'il n'y ait plus de glyphosate dedans, soit qu'il me soit prouvé - comme pour un médicament par exemple - que le glyphosate est inoffensif sur l'humain.
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C
Il y a clairement un manque de communication. Peu importe qui est à l'origine du problème, mais il convient d'y remédier. Car il n'y a rien de pire que le déficit d'information qui laisse croire à une volonté délibérée de cacher les choses. Moi-même, qui connaît quand même un petit peu le monde agricole (sans en faire partie) et les produits chimiques (sans être chimiste) et un peu plus les milieux naturels et les plantes, je trouve qu'il y a un souci d'information. Après, les journalistes et les médias ne font pas forcément leur boulot correctement et c'est regrettable. C'est lié à leur inculture manifeste, parfois à leurs idées toutes faites, à leur paresse et à la volonté de certains (beaucoup trop) de faire du sensationnel à bon compte. Personne n'y gagne. D'ailleurs, ces phénomènes ne concernent pas que l'agriculture mais presque tous les domaines. Nous vivons dans un monde où la médiocrité, l'immédiateté, la superficialité (...) sont portées aux nues alors que la rigueur (scientifique ou autre), l'effort intellectuel ou physique sont gravement ringardisés. Pas étonnant que nous ayons des problèmes un peu dans tous les domaines. Tant que nous ne serons pas sortis de cette spirale infernale, je ne vois pas comment nous pourrons nous en sortir.
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Y
"Un agriculteur semait donc le long d'une route départementale. Bien sûr, les premiers tours ont généré de la poussière passant par dessus les haies."<br /> <br /> Les gens sont complètement à la masse. Bien sûr que ça génère de la poussière, comme le feraient des travaux routiers par exemple! Ca sert à rien de s'énerver. <br /> <br /> Au pire ça oblige l'automobiliste à rouler plus lentement, c'est pas plus mal. Ennuyer les gendarmes pour ça, c'est idiot.<br /> <br /> <br /> <br /> @Isa:<br /> <br /> La punaise des champs, saleté. S'est aussi invitée en (grande) ville sur les cultures potagères. Rien à faire si ce n'est les collecter à la main et les tuer une à une...
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I
avec les réseaux sociaux, tout va très vite et chacun sait mieux que les personnes concernées comment il faut travailler! (d'ailleurs ce n'est pas propre à la profession agricole, mais en ce moment on se sent particulièrement stigmatisés)<br /> <br /> Mon gendre aussi s'est fait insulter par un automobiliste qui l'a suivi jusque dans sa parcelle.<br /> <br /> Quand à nous, on a été appelé par 2 fois pour une invasion de punaises des champs qui sortait des chaumes de colza, et là le voisinage voulait qu'on sorte un pulvérisateur!!!!..or il n'y a aucun produit homologué pour ça! On a fait une déclaration au Fredon..c'est tout ce qu'on pouvait faire.On veut tout et son contraire. <br /> <br /> Roland a eu un gros coup de mou cet hiver, heureusement que notre fils travaille avec nous qu'il est positif. Nous écoutons le moins possible les infos,, on privilégie une certaine presse écrite.<br /> <br /> Moi aussi ça me pèse, heureusement que nous avons nos clients du magasin, avec qui nous pouvons causer en direct, on les invite à venir visiter la ferme.<br /> <br /> C'est aussi une des raisons pour lesquelles je n'alimente plus notre blog..un mot de travers et! <br /> <br /> Tout est confu, on va casser l'agriculture française, mais on laissera rentrer des produits en provenance de pays qui ne respectent aucune règles, en tout cas pas les normes auxquelles nous sommes soumis
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