Désillusion....
La machine "com" est en route ! Déjà, plusieurs personnes m'ont abordé : " C'est bon, vous avez touché le pactole !" La manoeuvre consistant à nous clouer le bec marche donc... Par contre, les mesures prises sont loin de me rassurer :
Coût des mesures annoncées et chiffrées hier par Matignon : 1 milliards d'euros ! Et bien je vais en faire une lecture aussi démago que l'a été la façon de les présenter !
* Dégrévement d'impôts fonciers : 300 millions d'euros : Un bout des 3000 € d'impôts fonciers supportés annuellement par les 125 ha que j'exploite !
* Fond de calamité : 200 millions d'euros ! Pour situer l'importance de la somme, en 2003, pour une sécheresse à peu près similaire, le département de 71 avait du toucher à lui seul aux alentours de 50 millions d'euros ! Cette année, 60 départements sont concernés... En 2003, cette attribution, ramenée à ma ferme, permettrait de couvrir les trois quart des seuls achats d'aliments ( Il y a des pertes sur le cheptel comme des pertes de poids à la vente par exemple, et surtout j'avais des stocks de fourrages...) : Chaque éleveur de mon département comprendra ce que cela veut dire dans sa propre situation, avec des aliments dont le prix a quasi doublé...
* Report des annuités des prêts du plan Sarkozy de Poligny: Le reste puisque rien d'autre n'a été annoncé ! Je ne suis pas concerné par la mesure. Ce sont donc 500 millions qui iraient directement chez le banquier ! Au nom des paysans , bien sûr... Mais qui connaît les conditions de bonification ( c'est à dire l'écart entre le taux versé à la banque et celui facturé au paysan ) ? Il me semble avoir lu que la BCE prêtait à 1 % à l'époque ? Car c'est bien sur le taux de départ ( sans bonification) que l'aide va porter !!! Cette prise en charge d'intérêts pour un an ne profite donc pas seulement au seul paysan, non ? Encore plus, si cette situation exceptionnelle ne lui permet plus d'honorer les échéances... A méditer donc.
Pour compléter le propos, je rappelle que l'état en France prélève 45 % sur tout ce qui est produit. Les pailles, par exemple, habituellement enfouies par les céréaliers, se retrouvent pressées, transportées... Elles créent donc de la richesse, du travail qui sont ponctionnées ! L'état encaisse donc 450 millions par milliard ainsi créé...
Inutile donc de vous dire, que ce qui est présenté comme la solidarité de la nation est loin de correspondre aux attentes ! Le pire est que la bulle parisienne, politique et professionnelle, est convaincue d'avoir répondue aux problèmes... Ce qui fait même dire au président de l'interprofession par exemple, comme d'ailleurs à certains responsables syndicaux : " les mesures annoncées devraient résoudre les problèmes des éleveurs qui n'ont plus lieu de faire abattre autant d'animaux..." Réaction incompréhensible au regard du terrain, qui montre à tel point ils sont déconnectés des réalités...
Heureusement, reste la base : Les paysans ! Capables de passer par dessus les différences politiques, syndicales, de productions et de régions pour mettre en place une solidarité exemplaire ! J'en reparlerai bientôt, mais différents contacts, hier, m'ont redonné le moral ! Sincèrement, chapeau aux céréaliers !
Et un merci tout particulier à Jean Baptiste même si la route paille commune est encore longue !