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  • Paysan retraité, ancien éleveur de charolaises, qui regarde l'agriculture,les événements et la société depuis sa cour de ferme. Ma devise : " Prendre ce que la nature veut bien me donner. Vivre avec ce que les hommes me laissent !"
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7 novembre 2012

Politique américaine

Mai 2000 ! Nous débutons notre voyage d'étude aux USA. Nous venons d'atterir à Washington. Nous devions y rester 2 jours. Des orages à Chicago retarderont notre départ d'une journée, nous permettant de visiter tous les lieux de pouvoir américains de la capitale. Car nous passons les deux premiers jours quasi exclusivement dans une annexe de l'ambassade de France. 

                                                       vue-depuis-lincoln-mémorial

En effet, avant d'aller sur le terrain, nous avons droit à une multitude de conférences-rencontres. Nous sommes assommés par le décalage horaire et avons du mal à suivre, l'après midi en particulier. Pourtant, en deux jours, nous avons un panorama complet du fonctionnement de l'agriculture américaine, de l'implication des politiques qui nous laisse assez envieux. 

       mémorial-morts-vietam

J'avais l'image d'une Amérique hyper technologique ! Je découvre que cette puissance mondiale est, certe à la pointe de la science à l'époque, ( une visite d'une université nous le confirmera ainsi qu'un bref passage dans la Mapa vallée ) mais qu'elle n'a pas renoncé à une de ses richesses premières, voir fondamentale, à savoir son agriculture. Première puissance agricole du monde, quasi hégémonique à l'époque, plus que maintenant, le fonctionnement politique nous impressionne. Il faut se souvenir que nous étions en pleine crise de l'ESB à l'époque...

    

coupole-capitol                            Washington-national-munumen

Je ne vais pas retracer tout ce que nous avons découvert pendant ces deux jours. En ce jour d'élection américaine, j'ai repensé à toutes les communications sur le fonctionnement de la fédération américaine. Ce matin, très tôt, en suivant le direct, je me suis remémoré beaucoup de choses. D'abord, le président est élu par des délégués de chaque état et non au suffrage universel. Cela donne une importance surprenante aux petits états du Middle West. Ce sont des états quasi exclusivement agricoles, le grenier à blé ( ou plutôt à maïs et soja ) des USA et du monde. Le système politique favorise réellement la ruralité profonde, donnant, il faut le reconnaître un poids inattendu aux idées très conservatrices. Quelques jours plus tard, 3 jours dans Iowa nous feront découvrir cette Amérique profonde, immuable... 

                             réélu

La deuxième grande découverte tient au rôle du congrès pour la gestion de la politique agricole. Nous avons en France un président qui a autorité sur tout ou presque. Certains, je les rejoins un peu, estiment que nous sommes en monarchie républicaine, c'est à dire que le président et son gouvernement ont quasi tous les pouvoirs. Aux US, c'est très différent. Il n'y a pas de gouvernement en tant que tel, juste quelques secrétaires d'état. On pourrait penser que le président a un pouvoir énorme. Il a effectivement une administration conséquente pour le seconder. Pourtant, l'homme le plus puissant du monde n'est pas aussi indépendant que cela. Il est sous le contrôle très important du congrès , c'est à dire du parlement. Lorsque nous avons abordé les choix politiques agricoles, à notre grande stupéfaction, nous avons découvert que le congrès règne en maître ! Ainsi, si on voulait influer sur la politique agricole américaine, ce n'est pas le seul président qu'il faudrait convaincre, mais les membres du congrès. Et là encore, les petits états sont sur-représentés si on se réfère au seul nombre d'habitants. Le régime politique américain est décrit comme "présidentiel" mais objectivement, il est plus "parlementaire" que le nôtre.

                   capitol

Cette différence de taille explique l'extrême prudence ou plutôt réserve de Mr Obama ce matin lors de son discours à Chicago. Il n'a pas employé une seule fois le mot "victoire" dans son allocution. Car dès demain, il va devoir composer avec un congrès dont une des chambres lui est opposée. On parle de cohabitation mais à tort à mon avis, car la cohabitation à la française condamne le président à une quasi retraite sauf en terme de défense et d'affaires étrangères, alors que l'administration du président américain doit gérer le quotidien, en obtenant le vote de la chambre des représentants qui lui est hostile. Il y a donc obligation à compromis sinon c'est le blocage total... Je ne porterai pas de jugement sur l'effcacité ou non du système. Elle dépend clairement de l'intelligence et du sens des responsabilités des femmes et hommes politiques. Cela explique pourquoi le président Obama, comme tous les autres avant lui, parle de nation ce matin, d'union pour le pays et ne présente pas sa victoire comme celle de son camp sur l'autre, puisqu'il aura besoin de ses adversaires...  

                                           

                                               

                  costaud

J'ai envie de revenir sur un dernier détail qui marque une différence majeure entre le fonctionnement américain et le notre. Lors d'un changement politique de la présidence américaine, toute l'administration change. Du chef de cabinet à la secrétaire... Lors des deux jours, nous avons ainsi pu discuter pendant deux heures avec un personnage qui avait rang d'un équivalent de ministre de l'agriculture du président Bush père, républicain, qui avait précédé Mr Clinton en poste en 2000. Il nous a expliqué qu' il avait trouvé sans problème une reconversion dans un job privé, de conseil me semble t'il ? En fait, le personnel politique amérciain passe ainsi d'un emploi privé à un emploi dans l'administration au grès des élections et vis-versa. Il y a donc une efficacité, une connaissance des dossiers hyper concrète ainsi que des réalités d'entreprises et de terrain. L'ex fonctionnaire, en face de nous, ne faisait pas que connaître les règlements qu'il avait décidé, il les subissait depuis son retour en entreprise. En France, lors d'un changement de majorité comme celui de ce printemps, seuls les membres du cabinet des ministres changent, c'est à dire de 20 à 50 personnes suivant l'importance des ministères. Le reste de l'administration reste immuable... Je vous laisse juge du résultat.

        

                         Lincoln-memorial

Je m'arrête là dans mes souvenirs. Je tenais à parler de ces découvertes, simplement parce qu'elles permettent de comprendre un certain nombre de choses. Il y a en a bien d'autres, mais je n'ai pas autorité pour en parler. Toutefois, nous sommes en confrontation ou dépendance directe, de part la mondialisation de l'agriculture, avec les événements d' outre Atlantique. En connaître quelques éléments essentiels de fonctionnement permet de comprendre l'origine de la politique suivie, qui par ricochet a des répercutions, même sur ma ferme...

 

                                  la sollitude de celui qui a décidé

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Commentaires
C
Dans un ordre d'idée un peu similaire, je connais partiellement la façon dont cela se passe en Angleterre au niveau de l'administration régionale (comté). Les personnes changent régulièrement, passant facilement du privé au public, du public à l'associatif et réciproquement. On peut penser que la sécurité de l'emploi dans la fonction publique est beaucoup plus précaire qu'en France, mais qu'en même temps, les personnes compétentes et expérimentées retrouvent facilement du travail. Ceci dit, il faut peu-être nuancer mes propos, car je n'ai qu'une vue très partielle.
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